Violences contre les enfants: Plus de 60% réclament une protection

À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance célébrée le 20 novembre, une étude menée par la Commission des droits de l’homme du Cameroun révèle que plus de 62,66 % des enfants scolarisés réclament une meilleure protection contre les violences. Les résultats soulignent également des préoccupations majeures liées au travail des enfants et à l’accès à l’éducation.
Le 20 novembre 2024, à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, célébrée sous le thème « Écoutons l’avenir, défendons les Droits de l’enfant », la Commission des droits de l’homme du Cameroun (Cdhc) a publié un rapport détaillant les résultats d’une étude menée les 6 et 7 novembre 2024. Cette étude, menée auprès de 400 enfants dans des établissements scolaires publics et privés des sous-systèmes éducatifs francophone et anglophone, a révélé des résultats significatifs concernant la connaissance et les préoccupations des enfants sur leurs droits.
L’étude montre que 92,25% des élèves connaissent les principaux droits de l’enfant. Cette connaissance est plus marquée dans le secondaire, où 99,6% des élèves sont informés, contre 80% au niveau de l’éducation de base. Les résultats témoignent d’un progrès notable en matière de sensibilisation des jeunes générations aux droits de l’enfant, mais soulignent également l’importance de poursuivre l’effort éducatif, en particulier dans les zones rurales.
En ce qui concerne les droits que les enfants estiment les plus violés, « la violence, le travail des enfants et le droit à l’éducation ressortent comme les préoccupations majeures. Au primaire, 62,66% des élèves se déclarent victimes de violences, 56,66% dénoncent le travail des enfants, et 41,33% jugent que leur droit à l’éducation n’est pas pleinement respecté. Au secondaire, 62% réclament une meilleure protection contre les violences, 58,4% dénoncent la faible lutte contre le travail des enfants, et 35,6% estiment que leur droit à l’éducation est insuffisamment protégé », détaille l’étude.
Appeler le numéro vert 1523 en cas d’abus
Malgré ces violations, relève la Cdhc, plusieurs initiatives positives ont été mises en place pour protéger les enfants. La Commission salue en particulier l’engagement du gouvernement et de ses partenaires, notamment dans la facilitation de l’obtention d’actes de naissance pour 2 000 enfants dans la région de l’Est, et la prise en charge des frais scolaires de 2 852 enfants réfugiés dans cette même région. La Cdhc salue aussi l’adoption de politiques telles que la politique de sauvegarde de l’enfance par l’OUA en 1990 et les Protocoles facultatifs à la Convention des Nations Unies relatifs à la participation des enfants aux conflits armés, la vente d’enfants, et la mise en place d’un système de communication pour les enfants victimes de violations graves.
Néanmoins, des défis demeurent, notamment la persistance des violences domestiques et l’exploitation des enfants dans les mines, un phénomène particulièrement préoccupant dans les régions de l’Est. La Cdhc a également dénoncé les mariages précoces et les abus sexuels, qui continuent de fragiliser les droits des filles, ainsi que les violences liées aux conflits armés. « Ces violences prennent de nombreuses formes, allant des attaques contre les écoles, comme celle de Blangoua le 30 juillet 2024, à des maltraitances physiques graves, comme le cas d’une fillette torturée à Douala ».
Dans ce contexte, la Commission formule plusieurs recommandations à l’attention du gouvernement. D’abord, elle appelle à l’amélioration de la communication avec les enfants et à leur participation active à la prise de décisions les concernant. Elle insiste sur l’importance de l’implication des parents, de la société civile, des ONG et des acteurs communautaires. Elle recommande également la création de centres d’accueil pour les enfants de la rue et les enfants abandonnés, la multiplication des actions de sensibilisation contre les violences et l’exploitation, et la mise en place de psychologues dans les écoles pour un suivi psychologique des élèves.
Les autorités sont aussi invitées à renforcer les mesures de protection des enfants déplacés internes et ceux vivant en zones de conflits. La Commission rappelle la nécessité d’accélérer l’adoption du Code de protection de l’enfant et de poursuivre les efforts pour garantir l’accès universel à l’éducation, notamment pour les enfants en situation de handicap. Elle invite toutes les personnes victimes ou témoins de violations des droits des enfants à signaler ces abus en appelant le numéro vert 1523.
H.T