Éboulements à Dschang: Des chercheurs appellent à la prévention de nouveaux drames

Après la tragédie du 5 novembre 2024, ayant coûté la vie à 12 personnes, quatre mémoires de Master en Sciences de la Terre de l’Université de Dschang proposent des solutions pour renforcer la stabilité des talus de la falaise, en soulignant l’urgence d’une meilleure gestion des risques géotechniques.

Encadrés par le Professeur Bertille Ilalie Manefouet Kentsa, géologue, géotechnicienne et hydrotechnicienne, ces travaux ont été validés par des jurys en 2021 et 2022, apprend-on. Leur objectif : évaluer la stabilité des talus, notamment ceux ayant causé de tragiques éboulements en novembre 2024 à la falaise de Dschang, située dans le département de la Menoua, dans la région de l’Ouest.

Le mémoire de Dilanne Djeumeni Kenfack, soutenu en 2022, porte sur la stabilité des talus du tronçon routier Dschang-Santchou, et est intitulé : Étude de la stabilité des talus du tronçon routier Dschang-Santchou par les méthodes d’équilibre limite. L’auteur a mené des travaux de terrain incluant la description des matériaux, le prélèvement d’échantillons et la collecte de données géotechniques. Ses recommandations incluent la réalisation de reprofilages des talus, la construction d’ouvrages de soutènement, l’aménagement de canalisations et l’installation de dispositifs de drainage profond pour réduire la pression interstitielle, facteur majeur dans la dégradation des sols. La reforestation des talus est également suggérée pour ralentir l’érosion et favoriser l’évapotranspiration.

Celui de Dilane Azebaze Yimgang, soutenu également en 2022, explore la stabilité de deux talus du tronçon routier Dschang-Santchou, mais cette étude se distingue par sa méthode d’évaluation. Le titre de son mémoire est : Évaluation de la stabilité de deux talus du tronçon de la route Dschang-Santchou avec la méthode des éléments finis. Cette analyse débouche sur trois principales recommandations : effectuer des essais géophysiques pour déterminer la nature des sols en profondeur et la position de la nappe phréatique, réaliser des simulations numériques des méthodes de confortement proposées, et sensibiliser les populations locales aux risques encourus lors de travaux dans ces zones à forte instabilité.

Dochelle Linda Ngannou Kangmo, quant à elle, a soutenu son mémoire en 2021 sous le titre : Évaluation et contribution au suivi géotechnique de la stabilité des talus du tronçon routier Dschang-Santchou du PK 51+300 au PK 55+600. Dans ses travaux, elle a effectué une description morpho-structurale des profils de sol, suivi de prélèvements d’échantillons, et des analyses en laboratoire pour déterminer les propriétés physiques et mécaniques des sols. Sa conclusion révèle que les talus du tronçon étudié sont instables dans le cas d’un glissement plan, mais stables pour un glissement circulaire.

Douze corps sortis des décombres et la fin des recherches

Enfin, Roméo Ducros Kamdem Kamgang, dont le mémoire s’intitule : Évaluation et contribution au suivi géotechnique de la stabilité du talus du tronçon routier Dschang-Santchou : du PK 46+300 au PK 51+300, a aussi mis en lumière l’instabilité des talus. Il préconise la construction de murs de gabions et des ouvrages de soutènement pour lutter contre les ruptures planaires et réduire les risques d’éboulement. Le renforcement des sols par des murs en béton armé de type L et l’aménagement de canalisations pour réduire la pression interstitielle sont également recommandés. Selon lui, une telle approche améliorerait la résistance du terrain en cas de fortes pluies et réduirait le mouvement des sols.

Ces recherches ont mis en évidence les risques géotechniques majeurs auxquels est exposée la falaise de Dschang. Après le double éboulement tragique du 5 novembre 2024, qui a causé la mort de 12 personnes, certains chercheurs pensent que les autorités locales gagneraient à se tourner vers ces études pour mieux comprendre les causes sous-jacentes des incidents. « La Task force que le Recteur de l’Université de Dschang a prévu de mettre en place pourrait tirer profit de ces travaux pour étayer les études géotechniques nécessaires à la mise en place de solutions durables », pense Hindrich Assongo.

Selon le Chef de département de la communication à l’Agence universitaire pour l’Innovation, les chercheurs, ainsi que leurs encadreurs, seraient prêts à participer aux travaux d’études géotechniques envisagés par le ministre des Travaux publics. Il souligne l’importance de valoriser les travaux de recherche dans les universités camerounaises : « La prévention des catastrophes passe par l’investissement dans la vulgarisation scientifique, afin que les résultats des recherches puissent avoir un réel impact sur la prise de décision publique. »

Pour l’heure, les risques d’éboulements demeurent, et les autorités restent vigilantes. Le gouverneur de la région, Augustine Awa Fonka, a annoncé la fin des opérations de secours le 19 novembre 2024, mais la situation continue de susciter des préoccupations.

H.T

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