Non-respect des sanctions: Le rappel à l’ordre du CNC à trois médias

Équinoxe TV, Info TV ainsi que My Média Prime ont été rappelés à l’ordre le 3 mars dernier à l’occasion d’une rencontre entre le gendarme des médias au Cameroun et le patron de l’une de ces chaines de télévision.

C’est la salle de réunion du Conseil national de la Communication (CNC) qui a servi de cadre à l’audience accordée par Joseph Chebonkeng Kalabubsu, le président de l’instance en charge de la régulation des médias au Cameroun, au patron d’Équinoxe TV, Séverin Tchounkeu.

S’il est vrai qu’au sortir de cette rencontre, le patron de ladite chaine de télévision, seul à avoir répondu à l’invitation du CNC, a fait savoir à la presse qu’il ne s’agissait pas d’une séance de travail « sur ce qui est reproché ou pas », il n’en demeure pas moins que d’après une source d’Expression politique, la séance de travail avait pour objectif de tirer les oreilles à ce média, notamment en ce qui concerne le respect des sanctions imposées. Mais également à Info TV et à My Média Prime dont les responsables n’ont pas fait le déplacement pour le CNC.

L’instance dirigée par Joseph Chebonkeng a exprimé son mécontentement face à la stratégie adoptée par ces médias, qui, bien que suspendus, ont continué de diffuser les émissions prohibées en changeant tout simplement les dénominations de celles-ci. Le 30 mars dernier, par exemple, au cours de la tranche horaire consacrée à l’émission de débat à grande audience « Libre Expression », d’Info TV, suspendue par le CNC, les téléspectateurs ont eu droit à une « nouvelle émission » intitulée « Opinion 237 », animée par Jean Jacques Ze. Cependant, il est évident, et le gendarme des médias l’a constaté, que le contenu du nouveau programme est une simple reconstitution de « Libre expression ».

Le 20 mars, à l’occasion de la 45ᵉ session du CNC, l’émission « Libre expression » et son présentateur, Parfait Ayissi, avaient déjà été suspendus pour avoir diffusé des propos jugés conflictogènes, remettant en cause des figures emblématiques de l’histoire nationale. Le CNC avait également reproché à Info TV d’avoir soutenu des positions séditieuses à l’encontre des institutions républicaines. En conséquence, Parfait Ayissi a été suspendu pour un mois, tandis que le responsable de la chaîne, Dieudonné Mveng, a reçu un avertissement.

Équinoxe télévision n’avait pas échappé aux sanctions. Le journaliste Ndingmour Cedrique a été pointé du doigt pour avoir diffusé des informations non fondées portant atteinte à la réputation d’un citoyen. Après une enquête approfondie, le régulateur avait décidé de suspendre le journaliste pour un mois et d’adresser un avertissement au directeur de publication de la chaîne. Idem pour My media Prime qui avait écopé d’une sanction, mais qui à l’instar de la chaine de télévision de Dieudonné Mveng, continue de diffuser les programmes prohibés sous d’autres appellations.

Cette situation soulève des interrogations sur la responsabilité de ces organes de presse et de bien d’autres dans la diffusion de l’information dans un contexte marqué par la recrudescence de la propagation des discours haineux dans les médias. Aussi, elle interroge sur la capacité du CNC à imposer que ses sanctions soient respectées, d’autant plus que les médias souvent incriminés perçoivent ces suspensions comme des atteintes à la liberté de la presse. Mieux, que les sanctions du CNC seraient à tête chercheuse.

Julien Efila

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