Réunion de paris : Un autre Sommet mondial pour rien

Discours incantatoires et promesses pour peu de résultats. Les lignes ont finalement très peu bougé aux assises du nouveau pacte financier, même si la Zambie et sa dette allégée, le Sénégal avec un partenariat pour la transition énergétique et le Ruanda avec une extension d’un prêt du FMI, tirent leur épingle du jeu.
Les lignes ont finalement très peu bougé à l’occasion des assises du nouveau pacte financier mondial. Très peu de solutions concrètes, même si trois pays africains réussissent à tirer leur épingle du jeu. Il s’agit de la Zambie, du Sénégal et du Ruanda. La Zambie dont les pays créanciers se sont mis enfin d’accord pour alléger sa dette publique, le Sénégal qui a signé un partenariat pour une transition énergétique juste avec un groupe de pays riches et des banques qui mobiliseront 2,5 milliards de dollars pour l’aider à réduire sa dépendance aux énergies fossiles et le Ruanda qui aura obtenu une extension d’un prêt du FMI pour la résilience et la soutenabilité. Autre résultat concret, les 100 milliards de dollars annuels de financement climatique promis en 2009 qui auraient été réunis, même si, selon les observateurs, l’on reste cependant très loin des besoins.
Il était question de faire progresser le sujet des taxes internationales et mobiliser davantage d’argent privé, mais ces grandes idées restées à ce stade incantatoires, beaucoup de dirigeants invités à Paris ayant observé à ce sujet un silence poli. Une avancée notable, la tension entre le droit au développement martelé par les pays du sud et les exigences de lutte contre le changement climatique, cette tension a été abordée franchement par les nombreux dirigeants africains présents à Paris.
La banque mondiale a ainsi promis d’accorder une pause des remboursements en cas de catastrophe climatique et a aussi rassuré les Etats africains sur le maintien du volume de ses prêts concessionnels les moins couteux et à très long terme. Pour le reste, pas de grandes avancées, reconnait Martin Kessler, directeur exécutif du Finance for Development Club : « il y avait beaucoup de demandes concrètes sur la levée de fonds qui iraient au développement, aux pertes et dommages liés au climat, à tout ce qui est financement pour le climat de long terme. Et là-dessus les réponses restent floues. On parle de taxes internationales, on est très loin de la réalisation de ces taxes ».
Lula Da Silva
Quant aux 100 milliards de dollars de tirages spéciaux du FMI réalloués aux pays en difficultés par les pays avancés, la Banque centrale européenne bloque encore leur versement à la Banque africaine de développement.
Le président brésilien Lula Da Silva a pour sa part dénoncé l’ordre mondial hérité des accords de Bretton Woods, pointant les dysfonctionnements et les inégalités de la gouvernance des institutions financières internationales créées après la seconde guerre mondiale. « Les puissances de 1945 ne sont pas celles d’aujourd’hui, s’est-il emporté, les institutions des accords de Bretton Woods fonctionnent de manière erronée, disons-le clairement, elles ne répondent plus aux aspirations du monde, la même chose pour le Conseil de sécurité ». Un discours de Lula qui a servi de caisse de résonnance à la voix des pays africains, inaudible malgré leur présence massive.
Alors que l’aide au développement a trop souvent pâti d’engagements non tenus, la dynamique du Sommet de Paris devait s’inscrire dans la durée en se fixant des points d’étapes chiffrés, et des évaluations régulières des réalisations. Sa vocation première consistait à enclencher une dynamique des réformes que doivent porter et relayer le G20, la Cop28, les grandes institutions internationales, la Banque mondiale et le FMI qui doivent ainsi prendre plus de risques dans leurs programmes de financements, tout en incitant par des systèmes de garanties les acteurs privés à davantage investir dans les pays pauvres. L’idée d’une fiscalité internationale pour répondre à des problématiques qui sont mondiales devant également faire son chemin. De tout ceci, rien de concret n’a été obtenu. Un autre Sommet pour rien, note le Réseau des plateformes nationales d’ONG d’Afrique de l’ouest.