Droits LGBT+ : Paris provoque Yaoundé

Alors que le président de la République Paul Biya, a déclaré en 2013 à Paris au cours d’une conférence de presse avec le président Français Hollande que l’homosexualité est interdite dans son pays et est prohibée par le code pénal, la France a néanmoins décidé d’envoyer au Cameroun, son ambassadeur JeanMarc Berthon qui milite pour la cause LGBT.
La position du gouvernement sur l’orientation sexuelle est claire et déniée de tout débat au. Il n’est pas possible de parler de personnes LGBT au Cameroun. D’ailleurs, L’Article 347-1 du nouveau Code pénal camerounais, adopté en juillet 2016, punit les « relations sexuelles avec une personne du même sexe » avec une peine d’emprisonnement de six mois à cinq ans et une amende de 20 000 à 200 000 francs CFA. Il y a exactement dix ans, que Paul Biya déclarait que « cette chose-là était interdite » dans notre pays. La réponse musclée du ministre des Relations extérieures (Minrex), Lejeune Mbella Mbella, à la correspondance de Thierry Marchand l’informant de la venue au Cameroun de Jean-Marc Berthon, ambassadeur français pour les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT+), démontre à suffisance la position du Cameroun sur le sujet.
En effet, Jean-Marc Berthon, ne viendra plus au Cameroun ce mardi 27 juin 2023. Sa demande d’invitation a reçu un « NON » catégorique du Ministre des relations extérieures Lejeune Mbella Mbella (Minrex). Celui-ci avait prévu arriver au pays le 27 juin 2023 et y séjourner jusqu’au 1er juillet prochain. Il devait avoir une audience le 29 juin avec le Minrex au cours de laquelle il prévoyait «examiner la situation des personnes LGBT+ au Cameroun, les dispositions juridiques en vue d’encadrer leurs droits, et le dispositif établi pour lutter contre la prévalence du VIH dans le pays». Seulement par le biais du ministre, le gouvernement camerounais a indiqué ne pas être favorable aux activités que prévoient organiser cet ambassadeur.
«J’ai l’honneur de vous faire connaître que, l’Ambassade de France m’a saisi afin de m’informer de ce que Jean-Marc Berthon, Ambassadeur pour les droits des personnes LGBT+, effectuera un déplacement au Cameroun du mardi 27 juin 2023 au samedi 1er juillet 2023. A l’occasion, une conférence-débat sur les définitions du genre, de l’orientation et de l’identité sexuelle, suivie d’un spectacle sera organisée, à l’institut Français du Cameroun (IFC) de Yaoundé le 30 juin 2023 à 18H00. Des activités auxquelles le Ministère des Relations Extérieures n’accorde pas son approbation. Afin d’exprimer des réserves du Gouvernement camerounais au sujet de la tenue de cette conférence débat, une note verbale a été transmise à l’Ambassadeur de France», peut-on lire dans la correspondance du ministre des Relations extérieures adressée à son homologue de l’Administration territoriale. Il faut noter que la visite de Jean Marc Berthon intervient dans un moment critique où le CNC a mis en garde les médias contre la promotion des pratiques homosexuelles.
En revanche, la question légitime que les compatriotes camerounais se posent est de savoir: Que vient-il faire au Cameroun qui n’est pas le territoire de compétence de la fonction de cet officiel français ? Les questions françaises de politique étrangère se gèrent normalement par le Président de la République française, le Premier ministre, le ministre des affaires étrangères où tout autre ministre qui doit gérer des questions de coopération bilatérale sectorielle entre les deux pays.
Les formations politiques resserrent les rangs
Dans leurs différentes sorties sur la question de la propagande de l’homosexualité au Cameroun, les hommes politiques réitèrent leur position sur le fait que cette pratique n’entre pas dans nos mœurs et par conséquent, ne devrait pas faire échos au pays.
« L’homosexualité ne passera pas au kamerun », message fort du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) contenu dans une note signée le 21 juin dernier, par le président de ce parti de l’opposition, Anicet Ekane. Pour lui, la tentative avortée de la France d’envoyer un ambassadeur « promouvoir l’homosexualité au Kamerun est une énième provocation du néocolonialisme français. Après ses choix politiques, économiques et financiers, la France veut nous imposer ses valeurs culturelles et morales ». La pilule est très amère pour le Manidem qui dit s’opposer fermement à toute campagne de promotion de l’homosexualité au Kamerun.
Par ailleurs, Il s’inquiète de la position mitigée du gouvernement Kamerunais dans cette affaire. Il est encore plus surpris par ce qu’il qualifie de « mutisme complice des organisations politiques et sociales de notre pays ». Par conséquent, la formation politique exhorte « les kamerunais à rester vigilants en dépit de cette honteuse reculade. Nous sommes des Africains et nous le resterons », va réitérer Anicet Ekane. Une position qui suscite également des interrogations du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn).
« Il y a lieu de se demander si le sujet LGBT+ est-il désormais une problématique diplomatique bilatérale entre le Cameroun et la France ? S’inscrit-elle dans le prolongement de l’impérialisme culturel dans lequel se sont lancés les bouquets de télévisions étrangères qui ces derniers temps inséminent dans l’enfance la culture LGBT+ avec des dessins animés allusifs et parfois explicites ? » Cette problématique est soulevée par la Vice-Présidente en charge des Droits de l’Homme, du genre et des minorités au Pcrn, Pr Alice Delphine Tang.
« La question des LGBT est réglée par la loi »
En outre, le parti politique dit « respecter le choix civilisationnel occidental récent de la promotion de certaines pratiques sexuelles. Nous ne demandons que la réciprocité de ce respect pour notre pays souverain qui a fait ses propres choix moraux, légaux et culturels ». A l’en croire, la relation franco-africaine souffre déjà d’un lourd passif colonial difficile à évacuer. Il serait donc dangereux, pense-t-elle, d’ajouter une autre source de crispation avec la gestion de la question LGBT+.
De l’analyse du président du parti politique Les Libérateurs, le Professeur Olivier Bilé, ce qui se passe aujourd’hui s’inscrit dans le registre de la guerre des civilisations. Dans cette guerre, explique-t-il, « certaines civilisations décadentes portées par des sous valeurs totalement à l’opposé de l’ordre transcendantal de Dieu, mais aussi de nos valeurs ancestrales africaines, nous sont stratégiquement imposées ». « Nos valeurs n’ont rien à voir avec ces phénomènes-là. Celles qui sont en déphasage doivent être répudiées de la manière la plus ferme. En somme, je rappelais simplement que l’ordre géopolitique mondial aujourd’hui est travaillé par ces dynamiques de confrontation civilisationnelles, où précisément certaines civilisations déviantes veulent s’imposer à d’autres pour les contaminer par ce virus LGBT qui n’a de conséquence que celui de détruire le monde », poursuit-il.
Il exhorte les uns et les autres à éviter de faire beaucoup de publicité à ce type d’acteur (promoteur LGBT) et demande aux autorités de respecter de la manière la plus scrupuleuse qui soit, les lois et les règlements qui prévalent en la matière au Cameroun. Cette vision traditionnaliste est partagée par Serge Espoir Matomba, Premier secrétaire du Parti uni pour la rénovation sociale (PURS). Sur sa page Facebook, il a clairement inscrit sa position sur la question. « Notre pays a des valeurs traditionnelles partagées par tous que nous voulons et devons préserver pour être nous-mêmes, pour protéger l’ADN de notre civilisation ».
Sur un ton plus ferme, il suggère aux services consulaires de ne jamais accorder un visa à ce « monsieur et à ses semblables ». « Notre pays n’est pas une tribune de la perversité mondiale et de la déshumanisation », va-t-il insister. Quant à Roger Justin Noah du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), la question des LGBT est réglée par la loi notamment le code pénal interdisant ces pratiques au Cameroun.