Cacao: Le prix d’achat du kg douche les attentes des producteurs
Un certain nombre de facteurs, tant endogènes qu’exogènes, notamment les fortes pluies et les difficultés d’accès dans les bassins de production et un marché international excédentaire, explique cette baisse du prix du kilogramme de fèves qui se situe en dessous de 3000 Fcfa.
L’on semble très loin de l’euphorie qui accompagné la clôture de la campagne cacaoyère 2024-2025 et dont l’onde de choc s’est propagée le 7 août dernier à l’occasion du lancement de la campagne 2025-2026 par le ministre du Commerce. L’on se rappelle qu’à cette occasion, Magloire Mbarga Atangana se projetait sur une fourchette de prix du kilogramme de fèves qui oscillerait entre 3200 et 5400 Fcfa.
Seulement, deux mois après l’ouverture de la saison cacaoyère, c’est plutôt la désillusion chez les producteurs qui doivent se contenter des prix moins euphoriques situés entre 2400 et 2700. Même dépréciation du kilogramme à l’export au niveau du port de Douala avec un prix qui oscille entre 2639 et 2839 Fcfa, selon les données émanées du système d’information des filières (SIF), dispositif de suivi instantané des prix du cacao dans les bassins de production du Cameroun.
En cause, selon les acteurs de la filière, les acheteurs qui se montrent moins engagés à se lancer dans des achats massifs en ce début de campagne, préférant attendre, contrairement à une à une attitude observée au cours de la saison écoulée où les mêmes acheteurs ont déboursé un maximum de 6300 FCFA le Kg à l’occasion des ventes aux enchères groupées organisées à l’initiative du ministère du Commerce. Par ailleurs, les acteurs de la filière pointent un doigt accusateur sur la saison des pluies responsable selon eux de la tendance baissière observée actuellement sur le marché.
Campagnes déficitaires
En effet, en raison du mauvais état des routes causé par de fortes pluies actuellement observées sur le territoire camerounais, les acheteurs pratiquent des décotes sur le prix aux producteurs, prétextant des difficultés d’accès aux bassins de production. Mais au-delà de cette contrainte nationale liée au climat, la tendance sur le marché international du cacao n’incite guère à l’optimisme quant à un redressement des prix à la hauteur des prévisions gouvernementales.
Nombre d’observateurs de la filière expriment leur pessimisme quant au renchérissement dans les prochains mois du prix de la tonne de cacao à l’international. Et pour cause, la production mondiale du cacao devrait être excédentaire au cours de la campagne 2025-2026, maintenant ainsi la dynamique entamée lors de la saison 2024-2025, après trois campagnes déficitaires. La plateforme spécialisée fr.tradingeconomics.com se veut plus alarmiste en annonçant un excédent de production sur la demande mondiale d’environ 186 000 tonnes. Cet excédent est en hausse par rapport à l’excédent de production de 142 000 tonnes de la saison 2024-2025. Pointée du doigt, l’embellie de la production attendue en Equateur, qui menace se positionne en challenger sérieux du Ghana, s’agissant du rang de 2e producteur mondial dès cette saison.
A l’international, l’on parie sur un excédent de production attendu qui pourrait négativement impacter le prix de la fève sur l’ensemble de la campagne courante. Ces prix devraient « baisser progressivement à court et moyen terme », pour finalement se stabiliser à 3000 dollars la tonne à l’international, soit environ 1,5 million Fcfa dans le pire des scénarios. Dans un contexte marqué par un relèvement historique du prix bord champ à 2800 Fcfa le kilogramme en faveur des cacaoculteurs de la Côte d’Ivoire, le premier fournisseur mondial de fèves.
EM

