Routes de la Lekié: Le coup de bluff contre du Mintp

En attribuant un marché routier de 31,09 milliards à Arab Contractors en 2022, la note ministérielle indiquait, fait curieux, que les financements y afférents seront issus du Budget d’investissement public de deux ministère (Mintp et Minepat) alors que les caisses de l’Etat sont presque vides.
La Lekié avait sauté de joie en lisant la décision d’Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des Travaux publics (Mintp), signée le 2 septembre 2022 et portant attribution du marché relatif à la réhabilitation de 72,5 km dans le département. Cette décision ministérielle indiquait en effet que ce marché a été attribué à l’Egyptien Arab Contractors, à travers une procédure de gré à gré autorisée par la présidence de la République, le 6 juin 2022. Ainsi, Arab Contrcators devait réhabiliter dans un délai de 24 mois, la route « Echangeur Nkolbisson-Echangeur Zamengoué- « Ekekam-Evodoula » (43,95 km) et le tronçon Ekekam-Monatélé (28,5 km). Ce qui permettra de reconstruire une bonne partie de ces routes régionales qui desservent le département de la Lekié tout en les connectant à la capitale, Yaoundé.
Par ailleurs, la réhabilitation de ces sections routières permettra de pouvoir connecter la chef-lieu du département de la Lekié, Monatélé, à Yaoundé par une voie courte. Car jusqu’ici, pour rallier les deux villes, il faut effectuer un contour en passant du côté de l’arrondissement d’Obala. Cela provoque des surcoûts dans le prix du transport et rallonge la durée du voyage.
Seulement, à l’analyse, cette attribution de marché à Arab Contractors suscite des interrogations et la suspicion. Car, contrairement à d’autres marchés de cette envergure qui amène le gouvernement fait appel aux bailleurs de fonds extérieurs pour s’assurer que les chantiers ne seront pas abandonnés fautes de ressources financières, les 72,5 km à réhabiliter seront issue du Budget d’investissement public (BIP) de deux ministères : ministère des Travaux publics (Mintp) et ministère en charge de l’Economie (Minepat).
Un expert fait l’analyse suivante : « De mémoire, je n’ai pas encore vu un projet avec les référentiels BIP de deux départements ministériels. Je sais qu’il y a un seul BIP. Peut-être que la source de financement c’est deux imputations budgétaires l’une au Mintp et l’autre au Minepat. Si tel est le cas, cette double imputation budgétaire n’est-elle pas atypique ? Ne fait-elle pas doublon et expose à l’interprétation de double emploi sous réserve des aménagements dans l’appellation ? On était habitué jusqu’ici au financement conjoint BIP et bailleurs de fonds. La destination de chaque source étant bien spécifiée ; la part du Cameroun étant parfois appelée « contrepartie ». Scrutons cette fois-ci ce financement conjoint Mintp/Minepat. Cette mobilisation autour de la réhabilitation de cet axe où l’on attend plutôt la boucle de la Lekié me passionne ainsi que le temps qu’il fait en ce moment : il y a tension au niveau des caisses de l’Etat. Il y a certes les pas qui ont été franchis. Mais un agrégat de problèmes, des faits pertinents et des non-dits motive des curiosités ».
Une autre source note que le marché attribué à Arab Contractors est vraisemblablement un coup de bluff pour flouer la Lekié qui attend plus. Car, le département attend depuis belle lurette les travaux d’élargissement nord de Yaoundé ouvrant sur la Lekié et dont l’impact a une large sphère d’intérêt mais pour lequel le gouvernement peine à mobiliser l’argent. Pour les 7,5 premiers Kilomètres de l’élargissement de la nationale N°1 à partir d’Olembe jusqu’à Ebang, bien qu’en phase d’attribution, le projet souffre d’un manque de financement. Le BIP 2022 prévoyait 3 milliards de FCFA seulement pour le contrôle et les travaux proprement dits. « Si un axe d’une telle envergure n’a obtenu que ce montant, il faut donc se dire qu’il existe bien un problème de liquidité au niveau du Trésor public et que les travaux attribués à Arab Contractors sont un coup d’annonce », raisonne une source proche du dossier.
L’attribution de ces lots routiers à Arab Contractors intervient dans un contexte où le réseau reliant cette partie du département de la Lekié à la périphérie de Yaoundé est fortement dégradé. Pourtant c’est un axe important pour le ravitaillement de la capitale du pays en produits vivriers. Mais à cause du mauvais état de la route, les transporteurs renchérissent les coûts du voyage. Par effet boule de neige, les commerçants augmentent les coûts des denrées pour générer du bénéfice. Ce qui créé une inflation de certains produits locaux sur le marché.
Mais il faut relever que même si les travaux ont été confiés à une entreprise réputée comme Arab Ciontractors, ce prestataire ne brille pas toujours par sa célérité. En 2020, le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi, lui a servi une mise en demeure à cause des imperfections constatées sur le tronçon routier reliant les localités camerounaises de Bikoula et Djoum (38 km), dans la région du Sud. Aussi, en compagnie de deux autres entreprises, Synohydro et China Road and Bridge Corporation, Arab Contractors, a mis près de sept ans pour construire 12,3 km de la section rase campagne de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen.
M.F.