L’informel: Un secteur crucial, mais problématique
Bien que vital pour l’économie camerounaise, le secteur informel est confronté à des défis qui ne peuvent être ignorés.
Près de 86,60 % de l’emploi au Cameroun se trouve dans le secteur informel ? Cette réalité intrigante, révélée par la 3ᵉ Enquête sur l’Emploi et le secteur informel (EESI3), publiée en 2023 par l’Institut national de la Statistique(INS) soulève des questions fondamentales sur la nature même de notre économie.
S’il est souvent perçu comme un indicateur de résilience, le phénomène du secteur informel, masque toutefois des enjeux cruciaux pour la prospérité du pays. Car en effet, ce secteur englobe une multitude d’activités, dont 52 % sont non agricoles et 34,6 % sont agricoles.
Mais, bien qu’il génère des revenus et de l’emploi pour des millions de Camerounais, il présente des failles qui limitent son efficacité économique. En effet, le revenu moyen mensuel dans ce secteur est de 83 409 Francs CFA, un chiffre qui peine à fournir un niveau de vie décent. Cette fragilité économique expose les travailleurs à des risques importants, notamment l’absence de couverture sociale et de protection juridique.
Le Bureau international du Travail (BIT) définit le secteur informel comme un ensemble d’unités produisant des biens et services pour créer des emplois. Toutefois, ces unités opèrent souvent sans cadre légal, ce qui entrave leur potentiel de développement. Le processus de régulation s’impose donc comme une nécessité, non seulement pour améliorer la qualité de vie de ces travailleurs, mais aussi pour faciliter l’accès à des financements.
Il est donc évident qu’en dépit de son importance dans la lutte contre la paupérisation, de son rôle crucial dans l’économie, le secteur non-structuré pose alors des défis majeurs. Les entreprises formelles, qui respectent les exigences administratives et fiscales, se trouvent souvent en compétition avec des acteurs qui ne payent ni impôts ni taxes. Cela crée une distorsion du marché, décourageant les investisseurs et nuisant à la croissance économique générale.
Dans un contexte où les dynamiques économiques sont en pleine évolution, ce déséquilibre est préoccupant. L’État devrait multiplier les initiatives et établir un cadre législatif favorable à l’inclusion des travailleurs du secteur informel. La mise en place de programmes de formation et d’accompagnement, comme ceux proposés par le MINPMEESA, pourrait jouer un rôle déterminant.
Intégrer le secteur informel dans le système formel ne pourra pas se faire sans un effort concerté. Les mesures doivent aller au-delà de la simple régulation administrative : elles doivent inclure des solutions innovantes pour encourager la formalisation des activités. Les acteurs du secteur doivent avoir accès à des ressources, à des financements et à une information adaptée sur les bénéfices de cette transition.
Le potentiel de transformation est immense. Les PME et PMI, qui constituent le secteur formel, jouent un rôle fondamental dans la création d’emplois qualifiés, le paiement des impôts et le développement durable de l’économie. En facilitant le passage de l’informel au formel, le Cameroun pourrait fortifier son économie et améliorer les conditions de vie de nombreux citoyens.
Bien que vital pour l’économie camerounaise, le secteur informel, présente alors des défis qui ne peuvent être ignorés. Le chemin vers l’intégration des activités informelles dans un cadre formel est long et semé d’embûches, mais il est essentiel pour construire une économie plus robuste. Avec une volonté politique et une action collective, le Cameroun peut transformer son paysage économique et garantir un avenir meilleur pour tous. Les statistiques actuelles sont un appel à l’action pour tous les acteurs concernés.
Par Julien Efila

