Le défi des élections crédibles et de la paix post-électorale…

Jugeant indispensable la modification du code électorale, 15 partis politiques, 12 organisations de la société civile et une cinquante de personnalités (désireuses de voir s’organiser au Cameroun les élections crédibles) s’étaient mis ensemble en 2021 pour travailler et faire des propositions au gouvernement. Un document de 231 pages avait alors été mis au point à l’issue des travaux.
La présentation officielle de ce projet de réforme prévue le 24 novembre à l’Hôtel Hilton s’était heurtée à un impressionnant déploiement policier. L’initiative de l’opposition s’est arrêtée net. Ses propositions visaient à dissiper le doute sur la neutralité et l’indépendance du Conseil électoral et de réduire le risque de contentieux voire de crise. Aujourd’hui, le doute persiste. Dans ces conditions, peut-on éviter au Cameroun une crise postélectorale en 2025, quel est le résultat susceptible d’imposer la paix.
Si le Rdpc triomphe, « irrégularité du scrutin », « fraudes massives », « falsification des résultats » vont refaire surface. Certains diront : « Le Rdpc n’a jamais gagné une élection de manière honnête ». D’autres parleront de holdup électoral. Alors la victoire du candidat sortant risque d’ouvrir une nouvelle ère de crise et d’instabilité dans le pays.
Que se passera-t-il si un opposant remportait le scrutin ? Bien qu’une telle issue soit théoriquement possible, il est difficile d’affirmer avec certitude que le climat politique serait apaisé. En effet, l’hypothèse d’un « chaos » ou d’une grosse agitation n’est pas à exclure. Sauf à penser que le Cameroun va s’inspirer des exemples dans les pays voisins où l’acceptation des résultats par les candidats, qu’ils soient vainqueurs ou non, a renforcé la crédibilité démocratique.
Après l’élection présidentielle du 24 mars 2024 au Sénégal, le candidat du parti au pouvoir a salué le bon déroulement du scrutin et félicité son adversaire, Bassirou Diomaye Faye, dont les résultats préliminaires indiquaient déjà la victoire. Ce geste, fait publiquement via le réseau social X, est une démonstration de respect des principes démocratiques.
Au Ghana, le vice-président Mahamudu Bawumia a reconnu sa défaite aux élections de décembre 2024 avant même l’annonce officielle des résultats. Il a appelé le vainqueur John Mahama pour le féliciter. Ce geste témoigne des bonnes pratiques qui s’installent progressivement dans certaines démocraties africaines, là où la culture du respect des résultats électoraux semble s’ancrer peu à peu.
En fin de compte, au Cameroun, la question de la transparence et de la crédibilité des élections reste essentielle pour éviter toute remise en cause des résultats et préserver la paix civile.
Hélène Tientcheu