Sortie de crise : Les pistes du collectif « Barreau de Demain »

Face à la recrudescence des violences visant les avocats au Cameroun, le collectif « Barreau de Demain » propose un plan structuré en trois phases : court, moyen et long terme, pour apaiser les tensions et refonder les relations entre la profession et les forces de maintien de l’ordre.

À court terme, plusieurs mesures concrètes sont recommandées. Le Conseil de l’Ordre est invité à améliorer sa communication interne, notamment en amont des décisions collectives, afin d’éviter l’effet de surprise ressenti par les avocats lors de la suspension du port de la robe début mars. Le collectif recommande la diffusion du rapport de la récente rencontre entre le Conseil de l’Ordre et le Secrétariat d’État à la Défense (SED), ainsi que du plan d’exécution de ses résolutions.

Un dialogue formel avec la Délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn) est également souhaité, sur la base de la disponibilité exprimée par cette institution dès 2021. Le Collectif appelle par ailleurs à relancer le groupe de travail mixte Barreau–Justice–Sécurité, mis en veille depuis plusieurs années.

Sur le plan judiciaire, les poursuites annoncées contre les auteurs de violences doivent être effectivement engagées, avec un suivi transparent. Le collectif propose aussi l’adoption d’une politique de « défense de la Défense », soutenue par un budget dédié et, si nécessaire, des partenariats avec des organisations professionnelles internationales.

En matière de formation, des sessions pratiques sur le comportement, l’expression, et la déontologie de l’avocat face aux forces de l’ordre devraient être organisées à l’échelle nationale. Aussi, des mécanismes de protection des avocats, ainsi qu’un dispositif de soutien psychologique, sont jugés essentiels.

À moyen terme, le Collectif appelle à instaurer un dialogue permanent entre tous les acteurs du système judiciaire, accompagné d’une réforme législative ambitieuse. Celle-ci inclurait la relecture du Code pénal et du Code de procédure pénale, pour mieux garantir les droits des avocats et justiciables, ainsi que la révision de la loi de 1990 sur la profession d’avocat.

Le règlement intérieur du Barreau, datant de 2002, mériterait également une mise à jour, tout comme les dispositifs de communication à destination des avocats et des autres membres de la famille judiciaire. En parallèle, le Collectif plaide pour l’organisation des États généraux de la justice, dont il a déjà posé les premiers jalons dans plusieurs régions.

À long terme, ces États généraux devraient déboucher sur des réformes majeures, telles que l’adoption d’un code de déontologie pour l’ensemble des personnels de justice, ou la création de corps spécifiques de police et de gendarmerie judiciaires. Ces propositions, selon le Collectif, bénéficient déjà du soutien d’une partie du corps judiciaire.

Ainsi, la sortie durable de la crise entre avocats et forces de l’ordre passe par un engagement clair des institutions, une réforme en profondeur des textes, et un effort collectif de dialogue et de modernisation. Le Collectif « Barreau de Demain » affirme sa volonté de poursuivre le travail, en lien avec les autorités compétentes, pour faire aboutir ces chantiers.

H.T

About Post Author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
12 + 2 =


Enregistrez vous à notre newsletter