« Groupe de Douala »: Un front d’opposition sabordé avant d’avoir combattu

Lancé avec l’ambition de fédérer l’opposition autour d’un candidat unique pour la présidentielle d’octobre 2025, le Groupe de Douala a annoncé, le 4 juin dernier, son retrait « temporaire » de la scène politique.

Le 4 juin 2025, le « Groupe de Douala » a annoncé dans un communiqué sobre mais explicite, son retrait « temporaire » de la scène politique. À quatre mois de l’élection présidentielle jugée décisive pour l’avenir politique du Cameroun, cette annonce marque la « fin » ou la « suspension » d’une initiative qui a suscité, un mois plus tôt, un espoir prudent mais réel : celui de l’unification de l’opposition autour d’une candidature unique face au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Constitué autour de figures politiques reconnues comme Cyrille Sam Mbaka, Anicet Ekane ou encore Aba’a Oyono, le Groupe de Douala s’est formé en mai 2025 avec pour ambition affichée de dépasser les querelles d’ego qui freinent depuis des décennies l’émergence d’une alternative crédible au pouvoir en place. Plusieurs personnalités de l’opposition, parmi lesquelles Maurice Kamto, Cabral Libii, Akere Muna ou Hermine Patricia Ndam Njoya, se sont déclarées favorables à la démarche, tout en appelant à plus de concertation.

Mais en un mois, l’édifice s’est fissuré, puis écroulé. En cause : des déclarations publiques divergentes et des soutiens individuels « précipités » à certains candidats, en dehors du cadre de consultation collective initialement fixé. Le point de rupture survient après les prises de position du Pr Aba’a Oyono, puis de Cyrille Sam Mbaka, respectivement en faveur de Maurice Kamto et de Cabral Libii. Des gestes interprétés par Anicet Ekane, comme des transgressions « graves » du protocole d’accord fondateur du groupe.

Dans deux communiqués successifs datés des 3 et 4 juin, Anicet Ekane, acte ces désaccords et prononce une forme d’exclusion à l’égard des deux figures, tout en précisant que le Groupe de Douala entre désormais dans une phase de restructuration, visant à « fédérer des camarades sérieux, patriotes et pleinement engagés dans la quête de l’intérêt général ». L’objectif initial, celui d’aboutir à une candidature consensuelle, est ainsi reporté sine die.

Le revers est d’autant plus marquant qu’il survient après un cycle de consultations encore inachevé. Aucune candidature officielle n’a été arrêtée. Et pourtant, les divergences de stratégies et d’alliances, exposées publiquement, ont suffi à désarticuler une dynamique pourtant saluée pour sa tentative d’innovation dans un paysage politique fragmenté.

De l’avis de certains observateurs de la scène politique, l’épisode du Groupe de Douala illustre à nouveau la difficulté persistante des forces d’opposition à construire une alliance solide, au-delà des intentions déclarées. « Si la porte reste ouverte à une réorganisation, l’impact de ce revers, si près de l’échéance électorale, soulève des interrogations sur la faisabilité d’un front commun dans les délais impartis », insistent-ils en précisant qu’à défaut de candidature unique, le scrutin d’octobre pourrait, comme ceux qui l’ont précédé, se jouer dans un climat d’éparpillement stratégique, laissant le champ libre à une majorité sortante pourtant contestée sur de nombreux fronts.

Le Groupe de Douala, malgré son retrait annoncé comme « temporaire », laisse en suspens un espoir de rassemblement qui semble, une fois de plus, se heurter à la réalité politique du pays.

H.T

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