Compétitivité: Les PME sortent de l’ombre avec la création de l’Apec
À Yaoundé, le 28 juin 2025, l’Association des petites entreprises du Cameroun (Apec) a tenu sa première assemblée générale et élu son bureau.
C’est un tournant discret mais structurant dans le paysage entrepreneurial camerounais. Le 28 juin 2025 à Yaoundé, l’Association des petites entreprises du Cameroun (Apec) a tenu son assemblée générale constitutive, marquant ainsi l’entrée officielle de cette nouvelle organisation dans le champ de la représentation économique. À sa tête, deux entrepreneurs issus du Think Do Tank The Okwelians : Yves Bertrand Solanga, président, et Jean Bernard Essengue, vice-président en charge des partenariats et du financement.
Cette création répond à un constat partagé par de nombreux acteurs économiques : les petites entreprises, qui composent 99,8 % du tissu entrepreneurial selon l’Institut national de la statistique (INS), demeurent largement sous-représentées dans les espaces de dialogue avec les pouvoirs publics. L’Apec entend combler ce vide. Dès sa naissance, l’Association a posé ses fondations sur cinq axes stratégiques : la formalisation, l’accès au financement, l’accompagnement, le plaidoyer et la mise en réseau. Avec déjà 150 membres, l’ambition est claire : faire émerger une plateforme crédible, capable d’articuler les besoins spécifiques des TPE/PE et d’influencer les politiques économiques.
Le Dr Mathias Mondo, consultant invité, a salué l’initiative tout en appelant à dépasser les modèles classiques. Il a encouragé les entrepreneurs à adopter des business models légers et innovants, capables d’attirer spontanément les investisseurs. Pour lui, la force de l’Apec ne se mesurera pas uniquement en ressources, mais aussi par son impact sur l’écosystème entrepreneurial. Les interventions qui ont suivi ont mis en lumière les défis de terrain. Jean Bernard Essengue, également président de l’entreprise sponsor ABM, a insisté sur la résilience comme moteur de pérennité.
Béatrice Manga, représentante du ministère de l’Économie, a, quant à elle, pointé la difficulté récurrente pour l’État de dialoguer directement avec les petites structures. « Le gouvernement échange surtout avec les grandes fédérations, rarement en prise avec les réalités des TPE », a-t-elle admis. Pour elle, l’Apec pourrait devenir ce relais technique et politique longtemps manquant. Le positionnement de l’Apec se veut donc à la fois technique et militant. L’association ne se limite pas à offrir des services à ses membres ; elle aspire à devenir un véritable acteur de gouvernance. Elle se propose ainsi de cartographier les petites entreprises du pays, de créer des passerelles vers les marchés nationaux et internationaux, et de contribuer à un environnement juridique et fiscal plus favorable.
Au-delà de la structuration interne, l’enjeu est aussi symbolique. Dans un contexte où les grandes entreprises concentrent l’attention médiatique et institutionnelle, la naissance de l’Apec consacre une forme de reconnaissance politique pour des structures souvent reléguées aux marges. La voix des petites entreprises, longtemps dispersée ou étouffée, s’organise désormais autour d’un centre de gravité. Sans affiliation partisane, l’Apec s’inscrit dans une logique de plaidoyer, avec une promesse claire : remettre les petites entreprises au cœur du développement économique.
Hélène Tientcheu

