Boko Haram : 700 ex-combattants réinsérés au Cameroun

La cérémonie officielle de cette réinsertion a eu lieu à Meri, le 18 décembre 2024, suscitant des interrogations sur leur avenir et les risques de rechute.

La ville de Meri, située dans le département du Diamaré, région de l’Extrême-Nord au Cameroun, a été le théâtre, ce 18 décembre d’un évènement marquant : la réinsertion sociale de plus de 700 anciens combattants repentis de la secte islamiste terroriste Boko Haram. Cette initiative, orchestrée par le Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (CNDDR), vise à offrir une seconde chance à ces hommes et femmes qui ont choisi de déposer les armes pour retrouver une vie normale. Plusieurs kits de réinsertion leur ont à cet effet été remis par les autorités.

Pour garantir le succès de cette réinsertion à en croire les pouvoirs publics, une campagne de sensibilisation a été menée auprès des habitants de Meri, les incitant à accueillir ces ex-combattants avec bienveillance. De leur côté, ces derniers se sont engagés dans diverses activités pour faciliter leur intégration dans la vie active. Selon le sous-préfet de cette localité, Yaya Ali, plusieurs d’entre eux expriment même le souhait de s’installer définitivement dans cette localité, témoignant d’une volonté de tourner la page.

Mais derrière cette belle promesse de déposer les armes, se cache une réalité complexe, où l’ombre de la secte islamique plane toujours. Cette initiative du CNDDR avec l’accord du gouvernement soulève alors des interrogations légitimes : La réinsertion de ces anciens combattants est-elle réellement viable ? Les cicatrices laissées par des années de violence peuvent-elles se refermer ? Mieux encore, les ex-combattants, bien que repentis, ne sont-ils pas susceptibles d’être tentés de rejoindre à nouveau les rangs de Boko Haram, surtout si les conditions socio-économiques ne s’améliorent pas ?

Car en effet, rien ne garantit que le contexte socio-économique de l’Extrême-Nord du Cameroun, déjà fragile va s’améliorer. Le chômage, la pauvreté et l’absence de perspectives d’avenir sont des réalités qui pourraient pousser ces individus à rechercher des solutions radicales. La tentation de retourner à la violence pourrait se faire sentir, surtout si les promesses de réinsertion ne se traduisent pas par des résultats concrets.

Ainsi, la question demeure : la réinsertion des anciens combattants de Boko Haram à Meri est-elle un véritable nouveau départ ou un risque de retour à la violence ? Les autorités et la société civile doivent-elles redoubler d’efforts pour garantir un avenir serein à ces individus, ou faut-il rester vigilant face à une menace potentielle ?

Depuis près de quatre ans, Meri accueille ces ex-combattants. Ces anciens membres de Boko Haram, ayant accepté de renoncer à la violence, participent à un programme de désarmement et de réinsertion lancé en 2018. les premières initiatives de ce type se sont déroulées dans la ville de Mora, dans le département du Mayo-Sava.

Julien Efila

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