Affaire Redhac: Des diplomates occidentaux chez Atanga Nji

L’ambassadeur des États Unis, le haut-commissaire du Royaume uni et celle du Canada, ont été reçu à ce sujet le 8 janvier à Yaoundé par le ministre de l’Administration territoriale.
C’était une audience aux allures d’une réunion de crise. Elle n’a pas respecté la formule classique en la matière, qui consacre un tête à tête lors de audience. Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale (Minat) a accordé une audience commune le 8 janvier 2025 à l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun, Christopher John Lamora, au haut-commissaire du Royaume-Uni, Matthew Woods, et la haut-commissaire du Canada, Lorraine Anderson. Les trois diplomates occidentaux sont allés de manière collégiale à la rencontre du Minat pour comprendre le climat de tension qui prévaut depuis plusieurs semaines entre les autorités et certaines organisations non gouvernementales.
Même si pour le ministre Atanga Nji, cette rencontre était des plus ordinaires, il n’en demeure pas moins que, c’est à la demande de ces représentants des chancelleries occidentales qu’ils ont été reçus de façon concertée. « Nous sommes au début de l’année, et nous commençons par nous souhaiter une bonne année », a déclaré Paul Atanga Nji devant les médias. Le Minat reconnait par ailleurs que la visite de ses hôtes a été motivée par une bonne dose d’inquiétude au sujet de quelques tensions socio-politiques dans le pays. « Leurs Excellences et ambassadeurs peuvent avoir certaines questions. Il n’est que normal que j’accepte de les recevoir pour en discuter et voir si on peut clarifier certaines zones d’ombre. Ce sont des discussions qui permettent également d’éclairer les opinions sur certains sujets afin de mieux comprendre le contexte dans lequel nous vivons », a reconnu le Minat. Le diplomate britannique estime même que cet échange avec le Minat entre dans leurs prérogatives. « C’est notre rôle de poser des questions, de comprendre ce qui se passe et de nous assurer que nous puissions le refléter avec précision à nos gouvernements au pays », a déclaré Matthew Woods.
L’une des zones d’ombre que le Minat devait éclairer chez les diplomates qui lui ont rendu visite était certainement ce que l’on pourrait appeler l’affaire Redhac. Le Réseau de défense des droits humains en Afrique centrale (Redhac) est en conflit avec l’Administration depuis quelques semaines déjà. La présidente de son conseil d’administration, Me Alice Kom avait détruit les scellés de ses bureaux posés par les agents du Minat. Le 6 décembre 2024, le Minat avait pris la décision portant nullité et interdiction des activités de l’association de Me Kom, cette décision faisait suite aux soupçons de financements externes de manière illicite. « Est nul et de nul effet, pour défaut d’autorisation et activités de nature à porter atteinte à l’intégrité du système financier national, l’association dénommée Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) », peut-on lire sur cette note ministérielle. Depuis lors, une tension est perceptible entre les deux camps. Pour le même dossier, Me Kom est d’ailleurs attendue le 14 janvier prochain service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale à Douala, pour « atteinte à la sûreté de l’État, financement du terrorisme et autres », la dénonciation a été faite par l’Observatoire du développement sociétal (Ods).
Dans la foulée de la l’interdiction d’exercer du Redhac, le ministre Paul Atanga Nji avait également fixé au 30 janvier 2025, le délai de rigueur pour le dépôt des rapports financiers dans ses services de toutes ONG exerçant au Cameroun.
Innocent Sodong