Présidentielle 2025: Des observateurs notent un scrutin sous tension

Déployés sur le terrain malgré les « restrictions », les observateurs du Groupe des Organisations de la Société Civile pour la Réforme Électorale pointent dans leur rapport préliminaire un processus « entaché d’entraves et d’opacité ».

Quatre jours après la tenue du scrutin présidentiel du 12 octobre 2025, le Groupe des Organisations de la Société Civile (OSC) pour la Réforme Électorale a rendu public, à Douala, son rapport préliminaire d’observation. Coordonnée par l’Organisation non gouvernementale (ONG) Un Monde Avenir, cette mission a mobilisé près de « mille observateurs déployés dans deux cents communes à travers les dix régions du Cameroun ». Un dispositif d’envergure, malgré un contexte marqué par « la restriction de l’observation indépendante », selon les organisateurs, qui dénoncent la réduction et le rejet systématique des demandes d’accréditation.

Dans ce premier rapport, présenté lors d’un point de presse à Douala, le 16 octobre dernier, les OSC dressent un tableau préoccupant du climat ayant entouré la convocation du corps électoral et le déroulement du scrutin. « Tout portait à croire que certaines autorités avaient reçu un mandat autre que celui prévu par la loi », a relevé Jean Marc Bikoko, membre du groupe, évoquant une période « tumultueuse, marquée par la fermeture de l’espace civique ». Les observateurs citent des interdictions de réunions politiques, des arrestations arbitraires, ainsi que des menaces contre des journalistes et défenseurs des droits humains.

Ces entraves, notent les signataires, ont eu pour effet d’assombrir l’atmosphère d’une élection déjà contestée dès la phase de validation des candidatures. Le rejet du dossier du « principal opposant » est cité comme l’un des faits les plus marquants, de même que l’absence de publication du fichier électoral national, en violation de l’article 80 du Code électoral. Pour Philippe Nanga, superviseur général de l’opération, « tout ceci a eu le mérite de déteindre sur l’ambiance qui était attendue ».

Les observateurs estiment que la crédibilité des institutions en charge du processus électoral, notamment le Conseil électoral et le Conseil constitutionnel, a été sérieusement entamée. Dans leur rapport, ils évoquent un manque de transparence dans la sélection des candidatures et appellent à une réforme structurelle du dispositif électoral. Me Charlotte Tchakounté, une autre membre, a présenté les principales interpellations et recommandations. « Il est urgent d’amender en profondeur le Code électoral pour garantir la sincérité du vote et la paix sociale », a-t-elle plaidé.

Les OSC demandent notamment que l’accréditation des observateurs ne relève plus du ministère de l’Administration territoriale, mais de l’organe électoral lui-même. Elles préconisent également l’audit systématique du fichier électoral avant chaque scrutin, la publication des résultats, et la formation renforcée des agents électoraux pour plus de professionnalisme. Sur le plan politique, les organisations appellent le président de la République, « garant de la paix et de l’intégrité électorale », à instaurer un climat d’ouverture et de transparence dans la suite du processus. L’Union africaine est également invitée à veiller au respect par le Cameroun de ses engagements en matière de démocratie et de bonne gouvernance.

Signé par une trentaine d’organisations, parmi lesquelles Un Monde Avenir, Nouveaux Droits de l’Homme, Zenü Network et Dynamique Citoyenne, ce rapport préliminaire se veut une contribution à la consolidation de la démocratie au Cameroun. Le rapport final, qui portera sur l’ensemble du processus avant, pendant et après le scrutin, sera publié à la clôture définitive de l’élection, a-t-on appris.

H.T

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