Paul Biya éligible: Akere Muna prend acte du verdict du Conseil constitutionnel
Après le rejet de sa requête en constatation d’inéligibilité contre le président Paul Biya par le Conseil Constitutionnel, Me Akere Muna a salué une avancée sur la recevabilité du débat juridique, mais déplore un refus d’affronter les questions de fond sur l’aptitude effective du chef de l’État à gouverner.
La requête du candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain n’aura pas prospéré devant le Conseil constitutionnel, comme il fallait s’y attendre, de l’avis même de Akere Muna. Après plus de deux heures d’audience, sa demande a été jugée « non justifiée ». Dans sa déclaration rendue public au sortir de l’audience, Me Akere Muna relève que « le Conseil Constitutionnel a rendu sa décision concernant notre requête en constatation d’inéligibilité déposée contre M. Paul Biya. Le Conseil a déclaré la requête recevable mais non justifiée. Nous prenons acte de cette décision, mais nous la contestons fermement au fond ».
Sur la Recevabilité Akere Muna salue une Victoire préliminaire pour la démocratie.
Le Conseil Constitutionnel a, en effet, et pour la première fois dans l’histoire électorale récente du Cameroun, reconnu la légitimité d’un candidat à contester l’éligibilité d’un autre sur le fondement de l’article 118. En déclarant la requête recevable, le Conseil valide le principe fondamental selon lequel l’éligibilité d’un candidat n’est pas une question d’opinion, mais de droit. C’est une porte laissée ouverte pour le contrôle citoyen et juridique du pouvoir, et nous nous en réjouissons. Sur le Fond, le candidat déplore une occasion manquée et une énigme persistante. Et de fait, si le Conseil a reconnu notre droit à poser la question, sa réponse nous laisse profondément insatisfaits et soulève de graves interrogations.
Mvondo Ayolo
« Notre requête était étayée par des faits précis, documentés et incontestés absences prolongées, non-présidence des institutions constitutionnelles, apparitions publiques problématiques, et témoignage accablant du Ministre de la Justice sur un système d’injonctions parallèles. La présence silencieuse du Directeur du Cabinet Civil à l’audience est, à cet égard, l’élément le plus troublant. Pourquoi était-il présent, sinon pour représenter l’autorité présidentielle ? Pourquoi le Président du Conseil lui a-t-il offert la parole ? Et surtout, pourquoi a-t-il refusé de s’exprimer ? », s’est-il interrogé.
Sa présence muette est plus éloquente que tous nos discours. Nous avions offert à la défense l’opportunité parfaite de démontrer, preuves à l’appui, que le Président exerce ses fonctions en pleine autonomie. Ils ont choisi le silence. Ce silence assourdissant valide, à nos yeux, l’ensemble de nos arguments. Que craignaient-ils ? Et de conclure en estimant que le combat pour la vérité et la redevabilité se poursuit. Le Conseil Constitutionnel a estimé que les preuves que « nous avons apportées n’étaient pas suffisantes pour justifier l’inéligibilité. Nous respectons son autorité, mais nous maintenons que les questions de fond que nous avons soulevées restent entières et sans réponse ».
Selon lui, le peuple camerounais mérite plus qu’un silence éloquent. Il mérite la transparence, il mérite de savoir qui gouverne réellement le pays lorsque son Président est absent pendant des semaines, lorsque les institutions ne se réunissent plus et lorsque la gouvernance semble exercée par procuration. « Notre combat n’était pas personnel, il était constitutionnel. Il visait à garantir que la plus haute fonction de l’État soit exercée par une personne pleinement autonome, comme l’exige la loi. Ce combat pour la clarté, la reddition des comptes et le respect strict de notre Loi fondamentale ne s’arrête pas aujourd’hui. Nous continuerons à utiliser tous les moyens légaux et démocratiques pour demander des comptes au pouvoir et pour œuvrer à un Cameroun où la légitimité des dirigeants est entière, transparente et incontestable », ré affirme-t-il.
EM

