Département du Mfoundi: Suspension des manifestations non autorisées pour 72 heures
Éventuellement renouvelable, la restriction préfectorale qui a pris effet à compter du 26 octobre dernier vise à prévenir tout trouble à l’ordre public.
À quelques heures de la proclamation officielle des résultats de la présidentielle du 12 octobre dernier, prévue pour ce 27 octobre, le préfet du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent, vient de signer un arrêté préfectoral fixant de nouvelles mesures de maintien de l’ordre public dans son territoire de commandement. L’acte administratif, rendu public le 23 octobre dernier, interdit toute manifestation publique non autorisée sur la voie publique, à compter du dimanche 26 octobre 2025, et ce pour une durée de 72 heures renouvelable.
Dans son article 1ᵉʳ, l’arrêté précise que cette interdiction vise à prévenir tout trouble à l’ordre public et à garantir la sécurité des personnes et des biens dans la capitale. Il est désormais strictement interdit d’organiser ou de participer à toute manifestation publique non autorisée, quel qu’en soit le motif. Les contrevenants s’exposent à des sanctions prévues par la réglementation en vigueur, y compris des mises en fourrière pour les engins impliqués, a indiqué le patron du Mfoundi à l’occasion d’une concertation avec les syndicats des conducteurs des motos-taxis des sept arrondissements du Mfoundi.
Mais la mesure ne s’arrête pas là. L’arrêté encadre également plusieurs autres activités économiques et sociales pour la même période. Les débits de boissons sont désormais soumis à des horaires restreints : ceux de 1ʳᵉ catégorie (vente à consommer sur place) ne pourront ouvrir que de 6 h 00 à 23 h 30, tandis que ceux de 2ᵉ catégorie (vente à emporter) fermeront leurs portes à 21 h 00. Les établissements de loisirs tels que les boîtes de nuit ne sont autorisés à fonctionner que dans le respect strict de leur régime, notamment en matière d’insonorisation et d’interdiction de clientèle à l’extérieur.
Le secteur des motos-taxis, n’est pas en reste. Leur activité est limitée de 5 h 00 à 23 h 55, et toute surcharge, attroupement motorisé ou cortège non autorisé est désormais prohibé. La circulation des motocycles dans certaines zones jugées sensibles de la ville de Yaoundé est formellement interdite. En outre, le texte stipule que la vente et le transport du carburant dans des bidons, ainsi que l’exposition ou l’entrepôt de pneus usés, sont interdits jusqu’à nouvel ordre.
Pour l’exécution de cette mesure, le préfet du Mfoundi a donné instruction aux sous-préfets, au commandant du groupement de gendarmerie territoriale du Mfoundi, aux commandants de compagnie de gendarmerie de Yaoundé 1, 2 et 3, ainsi qu’aux commissaires centraux nᵒ 1, 2, 3 et 4 de la capitale, d’assurer une application stricte de l’arrêté sur le terrain.
Depuis plusieurs jours, le pays est secoué par une montée des tensions postélectorales, alimentées notamment par l’autoproclamation d’Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le Salut national du Cameroun (FSNC), qui s’était déclaré vainqueur 24 heures seulement après la fermeture des bureaux de vote. Cette annonce, jugée prématurée et non conforme aux procédures légales, a déclenché des vagues de manifestations de ses partisans qui crient déjà au hold-up électoral alors même que les résultats officiels sont encore attendus.
À Garoua, des affrontements ont opposé des partisans du FSNC aux forces de l’ordre, faisant plusieurs blessés et provoquant d’importants dégâts matériels. Des scènes similaires ont été rapportées à Dschang, Douala et Yaoundé, où des échauffourées ont éclaté à quelques minutes de la poste centrale, notamment devant le palais des sports.
Julien Efila

