Collecte de sang : Le Cameroun affiche taux de couverture déficitaire de 63%

Selon le ministère de la Santé, 147 034 poches de sang ont été collectées par les 473 formations sanitaires suivies par le Centre national de transfusion sanguine (Cnts), soit un taux de couverture des besoins de 36,75% en 2022.

Pour résoudre le problème de manque de sang dans les formations sanitaires, les hôpitaux sur l’ensemble du territoire national, ont procédé à la collecte des poches de sang le 14 juin 2023. L’hôpital général de Douala a servi de cadre d’accueil pour les donneurs bénévoles venus de tous les horizons pour offrir ce précieux liquide rouge qui coule dans leurs veines. On estime à 120 donneurs sur l’ensemble de la ville de Douala. Ce chiffre ne saurait satisfaire la forte demande selon le professeur Ngouadjeu Évelyne hématologue, chef service adjoint du labo à l’hôpital général de Douala. « La collecte de ce jour ne pourra pas résoudre le problème de manque de sang dans les hôpitaux d’autant plus que la demande est importante et les bénévoles diminuent de jour en jour ».

Selon les statistiques du Programme national de transfusion sanguine (Pnts), les besoins annuels du Cameroun en sang et produits sanguins sont estimés à 400 000 poches de sang pour l’ensemble du pays. 147 034 poches de sang ont été collectées par les 473 formations sanitaires suivies par le Centre national de transfusion sanguine (Cnts), soit un taux de couverture des besoins de 36,75% (soit un déficit de plus de 63%) au cours de l’année 2022, selon le ministère de la santé publique. En 2021, la chute des poches de sang selon le Cnts se faisait déjà ressentir soit 20 % par rapport à l’année 2019. Ceci s’explique selon les associations œuvrant pour des dons de sang, par le non accompagnement des pouvoirs publics dans les projets de sensibilisation des populations. « Nous ne recevons aucune subvention de l’État pourtant nous effectuons un acte noble et bénévole qui a besoin d’une forte communication » déplore Éléonore Mbongue, présidente de l’association Mothersheart à Douala.

Sont également mis en cause, les formations hospitalières. Ces dernières, sont tenues pour responsables de la réduction du nombre de donneurs bénévoles. « Les donneurs ne bénéficient pas des avantages offerts officiellement. L’enveloppe qui leur est remise au cas où ils tombent malade après leur don, a été revue à la baisse », dénonce Éléonore Mbongue, présidente de l’association Mothersheart à Douala. Elle décrie aussi le fait qu’après avoir réussi l’exploit de trouver un potentiel donneur, l’hôpital déclare n’avoir pas de budget pour assurer la prise en charge de celui-ci. À l’occasion donc de la 20e édition de la journée mondiale du donneur de sang célébrée le 14 juin dernier, le porte-parole des associations des donneurs a soumis une doléance au ministre de la Santé publique.

Il s’agit de « la valorisation de la carte du donneur », à travers la réduction de leur frais médicaux en cas de maladie, l’encadrement des associations œuvrant pour la sensibilisation et la promotion du don de sang entre autres.

Le Centre national de transfusion sanguine quant à lui, pointe un doigt accusateur sur les défis culturels et religieux. « Le véritable challenge pour nous et ces associations qui se battent chaque jour à fournir des poches de sang dans les hôpitaux, est de briser tous les préjugés autour de ce geste qui consiste à donner de son sang pour sauver une vie. Ceci se passe par la sensibilisation » Propos du docteur Nguini Sandrine responsable du Cnts du littoral. Des préjugés qui ont coûté la vie à la mère de Julienne en 2015. C’est d’ailleurs ce drame qui pousse la jeune femme à s’engager comme donneuse volontaire de sang. « Ma mère ayant perdu beaucoup de sang à la suite d’un accident de circulation, a perdu la vie en 2015 parce que la religion nous interdisait les transfusions sanguines » témoigne Julienne, avec des regrets.

Selon les estimations de l’OMS, pour satisfaire les besoins en sang de base d’une nation, il faut que 1% à 3% de la population soit des donneurs de sang. Ce qui est loin d’être le cas au Cameroun. À cet effet, au cours de la cérémonie de reconnaissance solennelle des donneurs bénévoles qui s’est déroulée au palais des sports de Yaoundé, le Dr Manaouda Malachie a tenu à rappeler que le thème de l’édition 2023 « Sang plasma : partageons la vie, donnons souvent » est significatif à plus d’un titre. Il met en avant les valeurs humaines fondamentales que sont l’altruisme, l’empathie, la solidarité, la générosité et la compassion, considérés comme pierre angulaire des systèmes de don de sang bénévoles, volontaires, réguliers et non rémunérés. Malheureusement, ce représentant du gouvernement n’a pas évoqué le sujet sur l’accompagnement des associations bénévoles de donneurs de sang.

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