Système électoral: La société civile appelle à une réforme urgente

Alors que les élections approchent, la société civile, dans une lettre ouverte, demande au président Paul Biya de prendre des mesures fermes pour garantir un scrutin libre et transparent.

Le climat politique et social du Cameroun se tend à l’approche de l’élection présidentielle prévue en 2025. Dans une lettre ouverte adressée au président Paul Biya le 04 mars dernier, un ensemble d’organisations de la société civile alerte sur les dangers qui menacent la paix, la cohésion sociale et, plus crucial encore, l’intégrité du processus démocratique. Ce message intervient après plusieurs années de contestations relatives au système électoral et à l’environnement politique actuel du pays.

Depuis 2019, les organisations citoyennes n’ont cessé de solliciter une réforme profonde du système électoral. À plusieurs reprises, elles ont attiré l’attention du gouvernement, soulignant que l’arsenal juridique et institutionnel, en particulier le code électoral, contient des éléments qui violent les principes démocratiques et exacerbent les tensions sociales. Leurs appels, bien qu’ayant rencontré peu de réponses concrètes, sont restés d’actualité, les dernières élections ayant été marquées par des contestations des résultats, alimentant ainsi la défiance des citoyens et des acteurs politiques envers le processus électoral.

Le 12 mars 2024, une déclaration du ministre de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji, a amplifié cette inquiétude en menaçant les leaders politiques et les mouvements d’opposition cherchant à se regrouper en alliances. En réponse, « des actes d’intimidation, comme l’arrestation de jeunes militants, ainsi que des interdictions répétées de rassemblements, sont venus nourrir le sentiment d’un rétrécissement de l’espace civique et politique », ont décrié ces OSC.

La société civile n’a pas tardé à dénoncer ces atteintes à la liberté d’expression et au droit de manifester, insistant sur l’importance de garantir des élections libres, transparentes et inclusives. À cet égard, plusieurs incidents survenus au cours de l’année 2024, tels que « la découverte d’inscriptions sur les listes électorales dans un domicile privé ou les accusations de fraude électorale liées à des falsifications de cartes d’identité », ont exacerbé la méfiance des électeurs. « La publication d’un fichier électoral incomplet et mal sécurisé » a alimenté la suspicion quant à la volonté des autorités de mener un processus électoral véritablement transparent.

Face à cette situation, les Organisations de la Société Civile (50), représentées par des signataires comme Un Monde Avenir, le Réseau des organisations de défense des droits de l’Homme en Afrique centrale, et la Plateforme des OSC pour la Démocratie, lancent un appel solennel au Président Paul Biya. Elles exigent une réforme immédiate du système électoral, comprenant une révision du code électoral, la publication d’une liste électorale nationale fiable et la mise en place de mécanismes de vérification indépendants. Elles demandent également que la publication du fichier électoral soit accompagnée d’un audit pour garantir qu’aucune fraude ne puisse entacher le processus.

Les OSC soulignent également le rôle crucial que doit jouer le Président Paul Biya en tant que garant de la paix et de la stabilité du pays. Elles l’invitent à agir fermement contre les « dérives langagières et les actes de provocation de ses collaborateurs », qui ne font qu’attiser les tensions. Elles appellent à un retour à la sérénité et à la réconciliation nationale, afin d’éviter une « crise post-électorale pouvant déstabiliser davantage le pays »

H.T.

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