Revendication sociale: Le Synac décrète des journées de deuil pour les chercheurs du Minresi

En signe d’indignation suite au meurtre brutal de trois chercheurs, le Syndicat national des chercheurs du secteur public annonce une cessation d’activités scientifiques tous les mardis précédant les obsèques des victimes, à partir du 18 mars 2025.

Le 2 mars 2025, une tragédie d’une ampleur inouïe a frappé le monde scientifique camerounais. Trois vies ont été fauchées brutalement dans l’Extrême-Nord, dans des circonstances qui laissent la communauté des chercheurs sous le choc. Frédéric Mounsi, chercheur au Centre de recherches géologiques et minières (Crgm) de Garoura, le Dr Bienvenue Bello, enseignant vacataire à l’Université de Garoua, et leur guide Oumarou Kabalay ont été tués lors d’une mission sur le terrain.

Un crime crapuleux, dénoncé avec force par le Syndicat national des chercheurs du secteur public (Synac), qui annonce une série de mesures pour honorer la mémoire des disparus tout en réclamant des réponses immédiates aux autorités. Dans un communiqué vibrant d’indignation du 15 mars dernier, le Synac n’a pas seulement exigé l’ouverture d’une enquête pour faire toute la lumière sur ce drame, mais a aussi dénoncé les conditions de travail des chercheurs en mission, souvent exposés à des risques énormes, sans protection réelle.

« Il est intolérable que des chercheurs, dont la mission est de servir le développement du pays, soient envoyés sur le terrain sans garanties de sécurité », a déclaré Dr Alban Ngatchou, président du Synac, lors de la réunion du Syndicat le samedi15 mars. Face à l’indignation collective, le Synac a décidé de mettre en place des journées de deuil scientifiques. « À compter du mardi 18 mars 2025, tous les chercheurs du ministère de la Recherche scientifique et de l’innovation (Minresi) observeront une cessation des activités scientifiques chaque mardi, en signe de solidarité avec les victimes et leurs familles. Les chercheurs se rassembleront, vêtus de toges, à partir de 9h00, dans les différents centres de recherche à Yaoundé et en région ». Une manifestation silencieuse, mais lourde de sens, dans l’attente de solutions concrètes.

Des mesures de sécurité et de reconnaissance pour les chercheurs

Ces journées de deuil ne sont pas seulement un hommage, elles sont un cri de détresse. Derrière le voile du chagrin, se cache une profonde insatisfaction des chercheurs vis-à-vis des conditions de travail. Le Synac ne s’arrête pas à la simple commémoration des disparus. Il exige des mesures de sécurité et de reconnaissance pour les chercheurs en mission, à commencer par la signature d’un acte administratif garantissant leur sécurité sur le terrain, en particulier dans les zones à risques. Des propositions sont également faites au gouvernement, incluant l’instauration d’une police d’assurance pour les chercheurs, couvrant les risques professionnels, les maladies et la perte de vie.

Le syndicat ne se contente pas de demander justice, il exige des réformes structurelles. « La mise en place d’une prime de risque pour le personnel chercheur et l’allocation d’un financement trimestriel pour soutenir les projets d’innovation sont des revendications qui traduisent une volonté d’assurer un avenir plus sûr et plus stable pour la recherche scientifique au Cameroun ». Le Synac souligne que l’innovation ne peut prospérer sans une sécurité de base et des moyens financiers adéquats.

Cette grève des chercheurs s’inscrit dans une volonté de transformation profonde de l’écosystème de la recherche au Cameroun. « Les chercheurs ne sont pas des pionniers sacrifiables. Ils sont des bâtisseurs de l’avenir du pays. Il est grand temps que le gouvernement prenne conscience de leur rôle et des risques qu’ils encourent », a insisté Dr Ngatchou. La communauté scientifique du Cameroun semble ainsi prête à mener un combat d’envergure, espérant un dialogue sincère et constructif avec les autorités pour trouver des solutions durables.

H.T.

 

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