Produits locaux: L’État accompagne les TPE/PME vers la certification

Du 18 au 20 juin 2025, la capitale économique a accueilli un atelier stratégique réunissant près d’une soixantaine d’artisans, de transformateurs et d’entrepreneurs locaux autour de l’arrimage aux normes de qualité et de la certification des produits locaux transformés.
Pendant trois (03) jours, les participants issus des filières halieutique, agroalimentaire, cosmétique locale et de la transformation de l’huile de palme ont été sensibilisés aux exigences des normes de qualité, aux procédures de certification auprès de l’Agence des normes et de la qualité (Anor), ainsi qu’aux implications techniques et économiques de cette démarche. Organisé par le ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat (Minpmeesa), cet événement s’inscrit dans le cadre du programme national d’appui à la normalisation et à la certification des produits locaux, un axe prioritaire du gouvernement dans le déploiement de la stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). « Nous voulons que nos produits soient compétitifs, non seulement sur le marché national, mais aussi à l’international. Et cela passe par la normalisation et la certification », a affirmé Tchana Sylvie, cheffe de mission du Minpmeesa à Douala lors de la cérémonie d’ouverture.
Les échanges ont mis en lumière les difficultés que rencontrent les petites unités de production. Notamment le manque d’information sur les normes applicables, le coût d’acquisition des certificats, l’absence d’accompagnement technique adapté. À cela s’ajoute un déficit de formation sur les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication (BPH/BPF), pourtant indispensables à l’obtention du précieux sésame. « Nombreux sont ces artisans et entrepreneurs qui ne savent pas comment s’y prendre pour mieux valoriser leur produit, cet atelier tombe à point nommé », confie Thérèse Mole, promotrice de Ngoni Bio. Il a également permis à ces derniers de prendre connaissance des opportunités qu’offre le marché international pour les PME en situation régulière. « Les échanges avec les experts nous ont permis de découvrir les procédures de réglementations dans plusieurs pays étrangers », dit un autre entrepreneur. Rappelons que la certification des produits transformés au Cameroun repose principalement sur le respect de la norme ISO/CEI 17065, dirigée par l’Anor.
La SND30, qui guide l’action publique sur la décennie en cours, identifie neuf secteurs prioritaires devant contribuer à l’industrialisation du Cameroun. Dans cette optique, l’État a opté pour une stratégie mixte d’import-substitution et de promotion des exportations. Il s’agit de stimuler la production nationale pour satisfaire une demande intérieure croissante, tout en saisissant les opportunités offertes par les accords de partenariat économique (APE) et la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Ainsi, les TPE/PME jouent un rôle central. Représentant 99,8 % du tissu industriel camerounais, elles doivent produire des biens compétitifs, capables de rivaliser avec les produits importés en qualité et en présentation. Cependant, le Minpmeesa a identifié trois filières clés pour soutenir la montée en gamme des produits locaux : l’agro-industrie, le coton-textile-confection-cuir et la transformation du bois. Des filières à forte valeur ajoutée, souvent dominées par des acteurs informels ou semi-formels, mais au potentiel considérable.
L’objectif affiché est celui de doter le Cameroun d’un secteur privé productif, compétitif et tourné vers l’exportation, tout en assurant la sécurité alimentaire et en réduisant la dépendance aux importations. Le chemin vers la certification est exigeant, mais il est désormais balisé. Reste à maintenir le cap, à généraliser les bonnes pratiques et à faire de la qualité le véritable label de l’industrie camerounaise. L’exemple du Salon de l’action gouvernementale (Sago) en 2021 à Yaoundé a démontré l’intérêt des producteurs pour la labellisation de leurs produits, souvent valorisés pour leur origine locale, leur transformation artisanale ou leur composition biologique. En 2022, deux ateliers avaient permis de sensibiliser 50 petites et moyennes entreprises de l’économie sociale et de l’artisanat (Pmeesa) aux normes de qualité et d’accompagner 30 d’entre elles jusqu’à la certification.
En 2024, ce sont 140 structures actives dans les filières du plan intégré d’import-substitution de l’agro-industrie et de l’halieutique (riz, maïs, soja, huile de palme, lait, etc.) qui ont été appuyées dans leur démarche de conformité. Pour 2025, l’ambition est de toucher au moins 220 PMEESA, en mettant l’accent sur la vulgarisation des normes, la formation technique et la facilitation de l’accès aux certificats de conformité. Au-delà des ateliers, le gouvernement veut inscrire la certification dans une logique incitative. « Il faut créer un environnement favorable, en réduisant le coût des audits, en facilitant l’accès aux laboratoires, et en intégrant la certification dans les conditions d’accès aux marchés publics », a proposé Mache Sylvie, déléguée régionale des petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat. Ce processus se décline en plusieurs étapes : le dépôt du dossier de demande de certification, la revue de la demande et le paiement de la note de frais, la programmation des audits et l’échantillonnage, les audits/inspections sur site basés sur les normes NC 30-2014 (hygiène) et NC 806-2017 (BPF), l’analyse des échantillons selon les normes produits, l’élaboration des rapports d’audit, d’essai et d’étiquetage, l’évaluation des résultats par le comité technique et la décision de certification, la délivrance du certificat ou la demande d’actions correctives.
Charles Totchum