Evocation: L’éternelle zizanie au sein de l’UPC

L’Union des Populations Camerounaises (UPC) est depuis des années le théâtre de luttes internes qui l’empêchent de se présenter comme une force politique unie.
L’UPC a longtemps été un symbole de l’opposition politique au Cameroun. Cependant, depuis son retour à la légalité en 1991, le parti a été miné par des divisions internes qui ont entravé sa capacité à s’imposer sur la scène politique. Les luttes de pouvoir entre différentes factions ont créé un climat de méfiance et de rivalité, rendant difficile toute tentative d’unification.
Dès 1992, l’UPC a commencé à se fragmenter en plusieurs factions, chacune revendiquant son héritage et sa vision politique. Parmi les principales factions, on trouve l’UPC-Ntuzamah, l’UPC-Kodock, l’UPC-hogbe Nlend, l’UPC « des fidèles » et le MANIDEM. Chacune de ces factions a ses propres leaders et ses propres objectifs, ce qui complique la recherche d’un consensus au sein du parti.
Cette division est exacerbée par des événements historiques marquants, tels que la mort de Ndeh Ntuzamah en 2010, qui a laissé un vide de leadership et a intensifié les rivalités entre factions. Les tentatives de réunification, comme celle de janvier 2012, ont échoué, laissant le parti dans un état de désunion chronique. L’UPC, qui avait autrefois des sièges au parlement, se retrouve aujourd’hui sans représentation, ce qui soulève des questions sur son avenir.
Les factions de l’UPC ne se contentent pas de rivaliser pour le pouvoir ; elles incarnent également des visions politiques divergentes. Alors que certaines factions prônent un rapprochement avec le pouvoir en place, d’autres s’accrochent à une idéologie plus radicale. Cette lutte interne pour la direction et la vision du parti a conduit à une perte de crédibilité et de prestige, tant au sein du parti qu’auprès de l’électorat.
Rassemblement des tendances
Plusieurs tentatives de rassemblement de ces factions ont toutefois été organisées. Mais sans conclusion satisfaisante. Le 17 janvier 2012, pour ne citer que cet exemple-là, une rencontre à Yaoundé, en vue de « parachever le processus de rassemblement et d’unification du mouvement » ne réussira pas à porter du fruit. Henri Hogbe Nlend avait manifesté des efforts pour cette réunification. Mais tel ne fut pas le cas pour « les fidèles ». De nouvelles divisions sont apparues au sein de la faction Kodok à la suite de son décès. Trois sous-factions vont présenter leurs propres listes pour les élections sénatoriales d’avril 2013. Pour certains, les démons de cette division au sein de l’UPC sont alors le reflet d’une histoire complexe et tumultueuse. Pour retrouver sa place dans le paysage politique camerounais, le parti doit impérativement trouver un moyen de s’unir et de se réinventer. L’avenir de l’UPC dépendra de sa capacité à transcender ses rivalités internes et à se présenter comme une force politique cohérente et unie.
À l’approche de la présidentielle de 2025, l’UPC doit alorsfaire face à un défi crucial : comment surmonter ses divisions pour présenter une candidature unique et forte ? La désignation contestée du Pr Jean Bahebeck comme candidat du parti par certaines tendances, en l’occurrence celle de Bapooh Lipot, met en lumière l’urgence d’un dialogue interne. Si les factions continuent à se battre pour le contrôle, l’UPC risque de se retrouver marginalisée sur la scène politique.
Julien Efila