Enrôlement des associations de Jeunesse: Que veut faire Mounouna Foutsou ?

À quelques mois des élections présidentielles au Cameroun, le ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique a officiellement lancé, à travers un communiqué daté du 09 juin dernier, une campagne nationale d’enregistrement des associations et mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, qui s’étend du 12 juin au 12 septembre 2025.

La campagne d’envergure selon le ministère de la Jeunesse et de l’Éducation civique (Minjec) vise à identifier, structurer et encadrer les organisations de jeunesse afin de leur offrir un accompagnement institutionnel et technique via les dispositifs du ministère et de ses partenaires. C’est peut-être aussi l’occasion pour ce dernier de promouvoir davantage le réarmement moral, civique et entrepreneurial des jeunes, en mettant l’accent sur les valeurs de paix, du civisme, du volontariat et de l’intégration nationale. Selon un responsable dudit ministère, cette démarche s’inscrit dans la volonté de faire de la jeunesse un acteur responsable et patriote, consolidant ainsi la cohésion sociale en période électorale. Pour ce faire, les responsables d’associations sont invités à se présenter aux délégations d’arrondissements de la jeunesse, munis des documents légaux de leurs structures, ou à procéder à leur enrôlement en ligne via le site officiel www.minjec.gov.cm.

L’enjeu affiché est d’organiser le tissu associatif pour mieux soutenir la jeunesse camerounaise dans ses projets, sa formation civique et sa participation au développement national. Toutefois, dans une conjoncture électorale imminente, cet enrôlement de masse suscite également des lectures plus politiques. Alors que la campagne présidentielle au Cameroun approche à grands pas, les regards semblent se tourner vers cette jeunesse camerounaise dynamique mais souvent désabusée, considérée comme un électorat décisif. En effet, le timing de cette opération (du 12 juin au 12 septembre 2025) soulève des interrogations quant à ses véritables motivations. S’agit-il d’un recensement administratif banal ou d’un mécanisme de mobilisation politique déguisé ? Avec plus de 60 % de la population âgée de moins de 35 ans, les jeunes sont une cible essentielle pour les électeurs et la gouvernance. Cette stratégie d’enrôlement des associations de jeunesse pourrait mobiliser un segment démographique majeur pour légitimer le processus électoral.

Depuis plusieurs années au Cameroun, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la politisation des structures associatives, souvent instrumentalisées comme relais de campagne ou comme outils de clientélisme politique. Dans ce cadre, cette opération pourrait bien servir à réactiver les réseaux d’influence du pouvoir en place, notamment en offrant des soutiens logistiques ou des subventions ciblées à des organisations favorables au régime. « Cette stratégie de communication est nommée Two step flow.  C’est un trafic d’influence », s’est exprimé dans l’anonymat un expert en communication institutionnelle. Cependant, si certains leaders associatifs saluent cette campagne comme une opportunité pour renforcer la structuration du mouvement associatif, d’autres appellent à la vigilance. « Il faut veiller à ce que cet enrôlement ne soit pas utilisé pour faire de la récupération politique », confie un membre de l’association des jeunes conscients et émergents de Douala (Ajced).

Charles Totchum

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