Dschang: La route impraticable après trois mois d’éboulement

Depuis novembre 2024, les habitants et usagers de cette voie sont contraints à de longs détours, tandis que les travaux de réhabilitation semblent stagner, laissant place à une grande frustration.
Cela fait maintenant plus de trois (03) mois que la route reliant Dschang à Santchou reste coupée suite à un double éboulement de terrain qui a frappé la falaise de la ville. À ce jour, la scène du sinistre se trouve toujours dans un état de dégradation avancée. Les camions, les bus et les véhicules légers sont dans l’incapacité de circuler, forçant les habitants à emprunter des chemins de fortune pour arriver à destination. « Venant de Douala, nous sommes contraints de contourner quasiment toute la région de l’Ouest pour arriver à Dschang », confie Léandre Tonfack, chauffeur personnel. En effet, en attendant la réhabilitation de la route, pour se rendre dans la Menoua, il faut contourner par Bafoussam. Cette situation a non seulement perturbé les trajets, mais a aussi plongé les voyageurs dans une crise de frustration et de désespoir. « Se rendre à Dschang est un véritable calvaire parce que nous sommes obligés d’emprunter des itinéraires plus longs et coûteux », témoigne Ange Gabriel.
Les routes alternatives, bien qu’elles permettent de contourner l’éboulement, sont loin d’être aussi directes et sécurisées. Pour les voyageurs, cela signifie des kilomètres supplémentaires, voire jusqu’à trois heures de trajet en plus pour rallier Dschang. En conséquence, les embouteillages se multiplient, et pour y échapper, d’autres empruntent des motos pour traverser ce tronçon malgré les risques. « En empruntant une moto, nous avons environ 10 à 15 minutes pour traverser la falaise », renseigne un riverain. Au-delà de ces difficultés, les usagers de la route font également face à une hausse des tarifs de transport au guichet. Le trajet qui coûtait entre 3500 et 5000 FCFA pour se rendre de Douala à Dschang coûte désormais 6000 FCFA, voire plus, selon le transporteur. Cette hausse a conduit à des protestations. Certains usagers dénoncent un « abus », tandis que d’autres soulignent la nécessité de compenser les coûts supplémentaires engendrés par l’éloignement.
Malgré les promesses des autorités locales et administratives, les travaux de réhabilitation n’ont pas encore commencé. « On nous avait annoncé qu’il y aurait des équipes sur le terrain dans les jours suivant l’incident. Mais plus de trois (03) mois après, la situation reste inchangée », déclare un habitant, visiblement désabusé par cette inaction prolongée. Ce dernier craint une gravité de la situation à l’approche de la saison de fortes pluies. « Si le gouvernement n’agit pas dans de brefs délais, dès le mois de mars prochain, attendons-nous à un ultime éboulement de terrain », a-t-il poursuivi. L’impact est également économique. Les commerçants locaux, déjà fragilisés par les crises successives, voient leurs revenus se réduire considérablement, car les marchandises ne peuvent plus être acheminées efficacement. Les prix des produits de première nécessité ont grimpé, faute d’approvisionnement régulier. « Puisque nous vendions nos marchandises aux voyageurs, depuis la fermeture de la falaise, les activités vont au ralenti », décrit Kenfack Solange, cultivatrice.
Charles Totchum