Campagne présidentielle 2025: Maurice Kamto lance une collecte de fonds controversée

Face à la presse à Yaoundé ce 30 janvier 2025, le leader du MRC a annoncé une campagne de levée de fonds pour financer sa campagne présidentielle. Si de nombreux soutiens affirment leur engagement, l’initiative suscite aussi des critiques concernant sa légalité et ses implications financières.
Le 30 janvier dernier, Maurice Kamto, président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), a dévoilé une opération de collecte de fonds destinée à financer sa campagne pour la présidentielle 2025. Après avoir obtenu près de 14% des voix lors du scrutin de 2018, l’opposant mise sur une enveloppe de 6 milliards FCFA pour assurer la logistique de sa campagne, notamment les déplacements, l’acquisition de matériel et la présence de scrutateurs dans les bureaux de vote.
« Pendant le déroulement du scrutin, nous devrons nous assurer de la présence effective de nos représentants dans tous les bureaux de vote. Et il s’agit là d’un défi majeur. Un aspect crucial du suivi des opérations électorales dans notre pays », a souligné Maurice Kamto. Depuis cette annonce, plusieurs soutiens se sont manifestés. La Jeunesse démocratique du Cameroun (JDC), dirigée par André Marie Dibamou, a d’ores et déjà promis une contribution de 30 millions FCFA. La JDC organisera un événement officiel pour cet engagement le 15 février 2025, au siège national de l’organisation à Makéné, dans le département du Mbam et Inoubou.
Soutiens et défense du projet
Lors des précédentes élections, en 2018 notamment, d’autres partis de l’opposition, comme Univers de Cabral Libii et le Social Democratic Front (SDF) de Joshua Osih, ont également fait appel à des financements similaires. Cependant, l’initiative de Maurice Kamto ne pas fait l’unanimité. Siméon Wahou, juriste d’affaires, a vivement critiqué la démarche du leader du MRC. Dans une déclaration virale sur les réseaux sociaux, l’Expert a soulevé plusieurs inquiétudes sur la légalité de cette collecte de fonds. Il l’a comparée à un appel public à l’épargne, soulignant qu’une telle opération devrait être strictement encadrée par les régulations financières en vigueur, notamment celles de la Cemac et de l’Ohada. Selon lui, l’absence de transparence pourrait poser un risque de financement électoraliste, voire de blanchiment d’argent.
Siméon Wahou met également en garde les institutions financières qui accepteront de participer à cette opération, rappelant que leur implication pourrait nuire à leur réputation et les exposer à des sanctions si elles ne respectent pas les standards internationaux en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. Face à ces critiques, Maurice Kamto a trouvé des défenseurs, parmi lesquels le journaliste Benjamin Zebaze. Sur sa page Facebook, il a exprimé son soutien à l’initiative, soulignant qu’il ne s’agit pas d’une démarche opportuniste, mais d’une action nécessaire pour garantir la transparence et l’intégrité du processus électoral au Cameroun.
Il a dénoncé les accusations d’escroquerie et insisté sur le fait que, même en cas de défaite électorale, Maurice Kamto pourrait continuer à jouer un rôle politique majeur en contrôlant des instances comme le parlement et les municipalités. En attendant la suite des événements, le débat autour de cette levée de fonds semble loin d’être clos. Si les soutiens à Maurice Kamto et à son projet de campagne se multiplient, les questionnements juridiques sur sa légalité pourraient faire office d’obstacle à sa réalisation. Reste à savoir si la mobilisation populaire suffira à convaincre les autorités compétentes de la conformité de cette démarche aux lois en vigueur.
H.T.