Baccalauréat tchadien : Le probatoire désormais exigé aux Camerounais

L’Office national des examens et concours du supérieur du Tchad (ONECS) a annoncé cette nouvelle mesure dans un communiqué le 13 février, suscitant des interrogations sur les motivations des autorités tchadiennes.
C’est la fin des haricots pour de nombreux Camerounais sans probatoire résidant au pays qui comptaient encore traverser le Logone pour composer le baccalauréat au Tchad. En effet, dans une circulaire datée du 13 février 2025, l’Office national des examens et concours du supérieur (ONECS) du Tchad a annoncé une mesure qui pourrait bouleverser le parcours éducatif de ces adeptes de la filière tchadienne. Désormais, l’inscription des candidats de nationalité étrangère est soumise, pour ce qui est des Camerounais, à « la présentation d’une attestation de probatoire authentifiée ». Cette décision exclut formellement les candidats camerounais non-résidents, qui avaient l’habitude de traverser la frontière pour passer leur baccalauréat.
Cette nouvelle règle représente un coup dur pour ces derniers qui, depuis des années, choisissaient le Tchad comme alternative pour obtenir leur baccalauréat. Pour ceux qui avaient échoué au probatoire ou qui trouvaient le système éducatif camerounais trop contraignant, le baccalauréat tchadien apparaissait comme une option plus accessible. En effet, des établissements scolaires à Yaoundé et Douala avaient même mis en place des classes spéciales de terminale pour préparer les élèves à cet examen. Ces « terminales spéciales » accueillaient des jeunes recalés du probatoire ou ceux qui ne souhaitaient pas se soumettre aux exigences du baccalauréat camerounais. Les frais d’inscription dans ces classes variaient entre 300 000 et 700 000 FCFA, englobant les coûts de scolarité, les frais d’inscription au baccalauréat tchadien, et parfois même les frais de voyage vers le Tchad. Malgré la décision du ministère camerounais des Enseignements secondaires (Minesec) en mars 2006 de fermer ces classes, la pratique a perduré, et chaque année, un nombre croissant de candidats camerounais se rendaient au Tchad pour tenter leur chance.
Toutefois, ce revirement des autorités tchadiennes suscite des réactions variées. Certains analystes estiment qu’il s’agit d’une mesure légitime visant à renforcer la qualité des candidats au baccalauréat tchadien. En imposant le probatoire, le Tchad cherche à s’assurer que seuls les étudiants ayant démontré un certain niveau de compétence puissent accéder à cet examen. D’autres, en revanche, voient cette décision comme une pression exercée par le Cameroun pour bloquer les élèves jugés paresseux, une manière de restreindre l’accès à un système éducatif jugé plus clément.
Les conséquences de cette nouvelle réglementation pourraient être significatives. Les étudiants camerounais qui avaient l’habitude de se tourner vers le Tchad pour obtenir leur baccalauréat devront désormais repenser leur stratégie. Certains pourraient être contraints de redoubler d’efforts pour réussir le probatoire, tandis que d’autres pourraient envisager des alternatives dans d’autres pays étrangers. Ou encore, pour les fraudeurs, chercher à se procurer des attestations de certificat de probatoire falsifiées. Ne dit-on pas qu’« impossible n’est pas Camerounais » ?
Le Cameroun et le Togo sont parmi les rares pays africains francophones à avoir maintenu cet examen dans leur système éducatif. Pour de nombreux jeunes, le probatoire représente un obstacle supplémentaire dans un parcours déjà semé d’embûches.
Julien Efila