Pauvreté: Les hommes plus touchés que les femmes

Selon un récent rapport de l’INS, l’incidence de la pauvreté est plus élevée au sein des ménages dirigés par les hommes (38,9 %) par rapport à ceux dirigés par les femmes (32,8 %).
L’Institut national de la statistique (INS) avec l’appui technique et financier de la Banque Mondiale a vient de publier un rapport intitulé : « Les Femmes et les Hommes, les Filles et les Garçons au Cameroun ». Il s’agit d’un aperçu statistique est destiné à mettre en évidence une partie des données « genrées » produites par les différentes administrations sectorielles et à faciliter l’identification des éventuelles différences de situation qui existent entre hommes et femmes au Cameroun.
Le rapport donne des indicateurs sur les deux genres, masculin et singulier. A titre d’illustration, indique l’INS, la pauvreté monétaire varie en fonction des caractéristiques sociodémographiques. Trois indicateurs permettent d’analyser la pauvreté monétaire. Premièrement, l’incidence de la pauvreté, qui indique la part en pourcentage de ménages dont les dépenses de consommation sont en dessous du seuil de pauvreté monétaire (définit comme le niveau de consommation en dessous duquel un individu est considéré comme pauvre dans une population donnée.
« En moyenne, souligne le rapport, l’incidence de la pauvreté est plus élevée au sein des ménages dirigés par les hommes (38,9 %) par rapport à ceux dirigés par les femmes (32,8 %). Toutefois, ce constat n’implique pas nécessairement que les hommes soient en moyenne plus pauvres que les femmes ». En effet, l’incidence de la pauvreté monétaire ne permet pas de capter les disparités entre les femmes et les hommes car cet indicateur est mesuré au niveau des ménages. Par ailleurs, la plupart des femmes vivent dans les ménages dirigés par les hommes. Le deuxième indicateur de pauvreté est l’intensité de la pauvreté qui mesure la différence entre le revenu moyen des personnes pauvres et le seuil de pauvreté.
Le Graphique 2.2.1 de ce rapport montre que l’intensité de la pauvreté est plus élevée au sein des ménages dirigés par un homme (15,1 %) comparativement aux ménages dirigés par une femme (12,1 %). Le troisième indicateur est la sévérité de la pauvreté qui mesure les inégalités entre les individus pauvres. Le Graphique 2.2.1 montre que la sévérité de la pauvreté est estimée à 7,7 % au sein des ménages dirigés par un homme et à 5,8 % au sein des ménages dirigés par une femme.
L’analyse suivant l’âge montre que la pauvreté monétaire augmente avec l’âge. Elle est plus faible au sein des ménages ayant un chef de ménage âgé de moins de 30 ans. Le Graphique 2.2.1 montre que dans ce groupe de ménages, l’incidence de la pauvreté est de 27,1 %, l’intensité de la pauvreté est de 9,3 % et la sévérité de la pauvreté est de 4,4 %. La pauvreté monétaire atteint son maximum au sein des ménages ayant un chef de ménage âgé de 50 ans ou plus. Les données montrent que dans ce groupe, l’estimation est à 44,3 % pour l’incidence de la pauvreté, 17,1 % pour l’intensité de la pauvreté et 8,6 % pour la sévérité de la pauvreté.
En outre, la catégorie socioprofessionnelle détermine également le niveau de pauvreté. En effet, le Graphique 2.2.1 révèle que les ménages les plus pauvres sont ceux dont le chef de ménage travaille dans le secteur informel non agricole, ensuite viennent les ménages avec un chef de ménage sans emploi suivi des ménages avec un chef de ménage qui travaille dans le secteur informel agricole. Ces résultats sont révélateurs de la faible qualité des emplois disponibles pour les pauvres et s’alignent sur les estimations de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), suggérant que dans les contextes de forte informalité, les déficits d’emplois de qualité contribuent largement à la pauvreté de la population active, plus que le chômage. La pauvreté monétaire est relativement plus faible au sein des ménages dirigés par un chef de ménage qui travaille dans les entreprises ou organisations du secteur privé ou public.
Espérance de vie à la naissance
De prime à bord, il y a de bonnes raisons de penser que la population au Cameroun vit de plus en plus longtemps. De fait, au cours des deux dernières décennies, l’espérance de vie à la naissance s’est globalement améliorée aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Entre 2005 et 2018, l’espérance de vie des hommes a augmenté de 5,6 ans, tandis que celle des femmes a augmenté de 3,8 ans (Graphique 2.2.4). Néanmoins, des disparités entre les sexes subsistent en matière de longévité. Globalement, les femmes vivent plus longtemps que les hommes avec une espérance de vie à la naissance qui se situait à 60 ans contre 58 ans pour les hommes en 2018 selon les statistiques de l’INS.
Secteur de l’emploi
L’analyse par secteur d’activités (Graphique 5.2.4) montre que le secteur des services est celui qui emploie le plus (47 % de la population en emploie) suivit du secteur agricole (35 % de la population en emploie) et du secteur des industries (17 % de la population active). Cet ordre d’importance des secteurs d’activités est sensiblement le même au sein de la population féminine et de la population masculine. En outre, les statistiques nationales montrent que moins de femmes que d’hommes occupent les emplois nouvellement crées quel que soit le secteur d’activité (Graphique 5.2.5). Toutefois, l’on note que la part des femmes occupant les emplois nouvellement créés a augmenté entre 2020 et 2021, notamment dans les collectivités territoriales décentralisées (35,7 % en 2020 contre 42,8 % en 2021), les coopératives (27,6 % en 2020 contre 39,3 % en 2021) et les Organisations Non Gouvernementales (39 % en 2020 contre 51,4 % en 2021). En revanche, la proportion de femmes occupant les emplois créés dans les entreprises a légèrement diminué, passant de 37,6 % en 2020 à 35,3 % en 2021.
L’analyse du marché du travail pour les primo-demandeurs d’emplois c’est-à-dire les individus n’ayant jamais travaillé et qui sont à la recherche de leur premier emploi, montre que plus d’hommes que de femmes sont identifiés comme primo-demandeurs d’emplois. Dans l’ensemble, le taux de chômage est plus élevé chez les femmes que chez les hommes, quel que soit le groupe d’âge, le lieu de résidence ou l’existence ou non d’un handicap. Concernant les variations selon l’âge, la différence entre le taux de chômage des hommes et celui des femmes reste relativement faible aux jeunes âges (un écart de 2,3 points de pourcentage en faveur des hommes au sein de la population âgée de 15 à 19 ans) et augmentent rapidement pour atteindre son maximum au sein de la population âgée de 20 à 24 ans (un écart de 9,9 points de pourcentage en faveur des hommes). En effet, dans cette tranche d’âge, le taux de chômage des femmes (20,9 %) est presque le double de celui des hommes (11 %).
L’écart entre les sexes en matière de chômage diminue ensuite mais garde un niveau élevé (un écart de 6,5 points de pourcentage en faveur des hommes) jusqu’à 30-34 ans. Au-delà de 34 ans, la différence entre les taux de chômage des hommes et des femmes reste faible, en dessous de 2,5 points de pourcentage. En outre, l’écart entre les sexes en matière de chômage est beaucoup plus élevé en milieu urbain qu’en milieu rural. Dans la ville de Yaoundé par exemple, on note un taux de chômage de 9,2 % chez les hommes contre 15 % chez les femmes, soit un écart de 5,8 points de pourcentage. Une tendance similaire s’observe dans la ville de Douala et dans les autres centres urbains.