Violation des droits de l’homme: Le Rapport 2024 de Amnesty qui accuse le gouvernement

L’ONG dénonce les atteintes aux droits humains des autorités camerounaises à l’égard des populations et d’un certain nombre d’acteurs, dans un contexte émaillé de tensions politiques et de violences, à la veille de l’élection présidentielle d’octobre 2025.

Des personnes critiques à l’égard des autorités ont été poursuivies en justice et menacées de voir leur droit de circuler librement restreint, et les forces de sécurité ont tenté d’intimider des journalistes. Des dirigeants, des militants et des journalistes anglophones, ainsi que des militants de l’opposition, ont été détenus arbitrairement. Des séparatistes armés se sont livrés à des homicides et à des attaques contre des écoles dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et des groupes armés ont tué des civils dans la région de l’Extrême-Nord.

 A quelques mois de l’élection présidentielle de 2025, les tensions politiques se sont accentuées, tandis que le conflit armé et les violences se poursuivaient dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le nombre de personnes déplacées par les violences armées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a dépassé les 580 000. En septembre, la police norvégienne a arrêté Lucas Cho Ayaba, l’un des principaux dirigeants séparatistes anglophones, qui était soupçonné d’incitation à commettre des crimes contre l’humanité au Cameroun. Entre janvier et octobre, des inondations dans la région de l’Extrême-Nord ont touché 356 730 personnes et fait au moins 30 morts.

 Liberté d’expression confisquée

Dans un décret publié le 16 juillet, le préfet du département du Mfoundi, où se trouve la capitale, Yaoundé, a déclaré que « toute personne qui outrage dangereusement les institutions [de l’État] ou celui qui les incarne » pourrait être interdite de séjour dans le Mfoundi. Deux jours plus tard, le ministre de la Communication a publié un communiqué de presse dans lequel il indiquait : « il est inacceptable que des compatriotes […] usent de propos irrévérencieux » à l’égard du président Paul Biya, « qui a été librement et majoritairement élu par ses concitoyens ».

 Un tribunal militaire a ordonné le 31 juillet la libération sous caution de Junior Ngombe. Ce militant sur les réseaux sociaux, coiffeur de profession, était détenu depuis sept jours au secrétariat d’État à la Défense, à Yaoundé, où il avait été transféré après son arrestation à Douala le 24 juillet. Il avait diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos exhortant les jeunes Camerounais et Camerounaises à s’inscrire sur les listes électorales afin de pouvoir voter lors de l’élection présidentielle à venir et dénonçant la mainmise du parti au pouvoir sur le pays.

Le militant camerounais Yves Kibouy Bershu, connu sous le nom de Ramon Cotta, a été arrêté le 19 juillet au Gabon et transféré au Cameroun le 23 juillet en dehors de toute procédure juridique ou diplomatique. Il a été inculpé d’« apologie du crime de sécession », d’« acquisition illégale d’armes de guerre », d’« outrage aux corps constitués » et de « défaut de carte d’identité nationale » et placé en détention provisoire le 9 octobre à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé. Il avait publié sur les réseaux sociaux des vidéos qui critiquaient les autorités camerounaises et l’ambassade du Cameroun au Gabon.

Détentions arbitraires

Le Syndicat national des journalistes du Cameroun a publié le 3 octobre 2024 une déclaration dénonçant les pressions exercées par des membres des forces de sécurité sur les médias pour « réduire au silence celles et ceux qui expriment des critiques à l’égard des autorités ». À la suite de rumeurs concernant l’état de santé du chef de l’État, le ministre de l’Administration territoriale a adressé le 9 octobre une lettre aux gouverneurs de tout le pays dans laquelle il interdisait « tout débat dans les médias sur l’état du président de la République ».

Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a émis le 6 décembre 2024 un décret interdisant ou suspendant pour trois mois les activités de plusieurs organisations, dont le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale, sur la base de différentes accusations, dont le « financement illicite ».

Des dizaines de personnes étaient toujours détenues arbitrairement après avoir été condamnées par des tribunaux militaires dans le contexte des violences armées dans les régions anglophones. Parmi elles figuraient le journaliste Thomas Awah Junior, les chefs de file du mouvement de protestation Mancho Bibixy, Tsi Conrad et Penn Terence Khan, et 10 dirigeants politiques, dont Sisiku Julius Ayuk Tabe. Le Groupe de travail sur la détention arbitraire [ONU] a estimé que leur détention revêtait un caractère arbitraire et a appelé les autorités camerounaises de les libérer.

Kingsley Njoka, un journaliste indépendant de la région anglophone du Nord-Ouest qui avait été arrêté en 2020, détenu au secret dans un premier temps et inculpé de sécessionnisme et de complicité avec un groupe armé, a été condamné le 24 septembre par un tribunal militaire à 10 ans d’emprisonnement. 41 militants et dirigeants de l’opposition étaient toujours en détention arbitraire après leur condamnation par des tribunaux militaires pour leur participation à une manifestation organisée le 22 septembre 2022 par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun, un parti d’opposition.

Synthèse, Evariste Menounga

 

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