Présidentielle 2025 : René Sadi répond aux évêques à propos de la candidature de Paul Biya

Dans un communiqué daté du 07 janvier, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi dénonce l’interprétation erronée par certains prélats de l’église catholique romaine des propos du président de la République en rapport avec l’élection présidentielle prévue en octobre, lors de son message de fin d’année.
Le climat politique au Cameroun s’intensifie à l’approche de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025. Les récents appels à l’alternance politique émis par certains évêques de l’église catholique, en réaction à la déclaration de Paul Biya, dans son discours du 31 décembre 2024, où il dit être déterminé plus que jamais à continuer à servir le pays ont suscité une réaction immédiate du gouvernement.
Dans sa sortie en date du 07 janvier, le ministre de la Communication a dénoncé ce qu’il qualifie d’interprétation abusive des déclarations du président Paul Biya. Tout en reconnaissant le droit à la libre expression, le gouvernement déplore dans son communiqué, la véhémence des prises de position des prélats, qu’il considère comme focalisées sur un seul enjeu présidentiel. René Emmanuel Sadi, a rappelé que le président Biya a été investi d’un mandat de sept ans et qu’il lui est loisible de rassurer ses concitoyens quant à sa détermination à assumer pleinement ses fonctions.
Le porte-parole gouvernement a également souligné que le Cameroun est un État laïc où les religions cohabitent en harmonie avec les pouvoirs publics, affirmant qu’il n’existe aucun conflit entre le gouvernement et l’église catholique.
De même, le gouvernement réaffirme que le Cameroun se veut une démocratie et un Etat de droit où les citoyens, quels qu’ils soient, peuvent s’exprimer librement et faire connaitre leurs points de vue sur les grands enjeux de la nation. « Aussi le gouvernement considère-t-il que les prises de position tranchées de quelques autorités religieuses sur la prochaine présidentielle, positions qui relèvent manifestement de pures supputations, n’engagent que celles-ci et ne sauraient en rien, ni mettre en cause les relations entre l’Etat et les confessions religieuses, ni influer sur le libre choix des camerounais qui sauront, le moment venu, se déterminer en toute souveraineté et en toute responsabilité ».
Fronde ouverte
Dans son homélie de nouvel an, Monseigneur Yaouda Hourgo, évêque du diocèse de Yagoua, a exprimé son inquiétude face à une éventuelle nouvelle candidature de Paul Biya, 93 ans. Dans une vidéo devenue virale, il a déclaré : « On ne va pas souffrir plus que ça encore. On a déjà souffert. Le pire ne viendra pas ! Même le diable, qu’il prenne d’abord le pouvoir, et on verra après ! »
Mgr Emmanuel Abbo, l’évêque de Ngaoundéré pour sa part a préféré se pencher sur « la souffrance qu’endurent les Camerounais ». Qu’est-ce que les Camerounais n’ont pas encore enduré ? Comment est-il possible que le mal-être des Camerounais ne pousse pas les responsables de ce pays à mettre fin aux trop nombreuses souffrances ? » s’interroge le prélat. Avant de poursuivre « La plus grande des souffrances est qu’on interdit aux Camerounais d’exprimer leurs souffrances en promettant que l’État est un rouleau compresseur, un Moulinex qui réduit en pâte tout Camerounais qui osera exprimer sa souffrance. Qui va-t-on gouverner quand on aura broyé tous les Camerounais ? »
Dans son homélie retransmise dans une télévision locale, l’évêque conclut « On demande aux Camerounais d’éviter les discours de haine, mais du haut nous arrivent des paroles de violence. »
Le 25 décembre déjà, sur les antennes de RFI, monseigneur Kleda, archevêque de Douala, avait qualifié une possible candidature de Paul Biya de pas « réaliste ».
Julien Efila