Présidentielle 2025: Paul Biya use du shock advertising

Suite aux propos du discours du président de la République, le 31 décembre dernier, selon lequel, sa détermination de continuer à présider aux destinées du Cameroun demeure intacte, l’Eglise catholique a réagi violemment à travers ses prélats. Ce qui est un indicateur que l’éventualité de sa énième candidature à l’élection politique d’octobre prochain choque certains.
À une dizaine de mois de l’élection présidentielle au Cameroun, des prêtres et des évêques catholiques se sont prononcés publiquement pour l’alternance politique, en exprimant leur opposition à une candidature éventuelle de Paul Biya a la présidentielle prévue en octobre prochain. Un peu comme s’ils s’étaient donné le mot de passe, tous s’insurgent vertement contre la candidature de Paul Biya pour la présidentielle 2025.
C’est de Douala, la capitale économique et plus grande ville du pays, qu’est parti ce déchainement. Dans un média français la semaine dernière, Samuel Kléda, l’archevêque et ancien président de la Conférence épiscopale nationale, n’a pas mâché ses mots, pour appeler le président camerounais à quitter le pouvoir cette année.
« Ce que je veux pour mon pays, c’est une transition pacifique. Nous sommes des êtres humains. À un moment donné, nous quittons ce monde, nous ne pouvons pas faire de miracle… À un moment donné, nous quittons ce monde, nous ne pouvons pas faire de miracle…Une candidature de Paul Biya n’est pas réaliste ».
Il n’en faudra pas plus pour que la déferlante des saillies irradie landernau politico médiatique : « On ne va pas souffrir plus que ça encore. On a déjà souffert. Le pire ne viendra pas ! Même le diable, qu’il prenne d’abord le pouvoir, et on verra après ! » Ce 1er janvier, lors d’une brève homélie, Mgr Barthélémy Yaouda Hourgo, évêque du diocèse de Yagoua, livre une charge d’une rare virulence contre le président Paul Biya, soupçonné de vouloir briguer un nouveau mandat lors de la prochaine élection.
Rouleau compresseur
S’en suivra les dénonciations émanées de l’Evêque de Ngaoundéré, dans l’Adamaoua, Monseigneur Emmanuel Abbo. Et de s’interroger : « Qu’est-ce que les Camerounais n’ont pas encore enduré ? Comment est-il possible que le mal-être ne pousse pas les responsables de ce pays à mettre fin aux trop nombreuses souffrances ? ».
Et de s’insurger contre les menaces faites aux Camerounais qui veulent dénoncer leurs souffrances : « La plus grande des souffrances est qu’on interdit aux Camerounais d’exprimer leurs souffrances en leur promettant que l’Etat est un rouleau compresseur, un mixeur qui réduira à la pâte tout Camerounais qui osera exprimer sa souffrance. Qui va-t-on gouverner lorsqu’on aura broyé tous les Camerounais dans le mixeur ou qu’on sera passé sur eux avec le rouleau compresseur ?», s’est interrogé le prélat lors de son homélie.
Moins sentencieux, l’Archevêque de Yaoundé, Mgr Jean Mbarga, déclare que l’État doit « tout faire pour que la voix des Camerounais soit entendue lors des prochaines échéances électorales ». Dans son exhortation, le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenc), Mgr Andrew Nkea, l’Archevêque de Bamenda, parlant au nom de tous les Evêques déclare : « Nous ne devons pas perdre espoir, malgré toutes les difficultés que nous avons, malgré tous les problèmes que nous traversons, nous ne devons pas perdre espoir. L’espoir est une vertu théologique et sans espoir l’être humain n’a pas la vie. Nous continuons à espérer pour un Cameroun nouveau, un Cameroun de l’unité, un Cameroun de joie, un pays qui va prendre soins de tous les camerounais ».
Evariste Menounga