Présidentielle 2025: Le Grand Nord a-t-il tourné le dos à Paul Biya ?
Les récentes déclarations de candidature à l’élection présidentielle à venir, de Bello Bouba et d’Issa Tchiroma soulèvent des interrogations sur l’avenir politique du RDPC dans cette partie du pays, historiquement fidèle au chef de l’État.
Le Grand Nord aurait-il véritablement décidé de tourner le dos à Paul Biya ? Cette question résonne avec une acuité particulière à l’approche de la présidentielle d’octobre prochain et prend tout son sens à la lumière des récentes déclarations de candidature à la présidentielle d’octobre prochain de Bello Bouba Maïgari pour le compte de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et d’Issa Tchiroma Bakary du Front pour le Salut national du Cameroun (FSNC), anciens alliés du président national du RDPC.
En affirmant leurs ambitions politiques, le paysage électoral, à en croire certains analystes, pourrait alors être redéfini dans le grand Nord, où les deux personnalités ayant opté pour la rupture après plus de 20 ans pour le premier et 14 ans pour le second jouissent d’une relative influence. Connu dans l’arène électorale, Bello Bouba Maigari, par exemple, s’était déjà présenté à la présidentielle de 1992, où il avait obtenu 19,32 % des voix, derrière Ni John Fru Ndi (35,97 %) et Paul Biya (39,98 %). Sa candidature après des années de loyauté au régime en place pourrait alors avoir des conséquences sur les résultats du président Paul Biya dans le septentrion. « La fin de l’alliance entre le RDPC et l’UNDP ne sera pas sans conséquence sur les résultats du président Paul Biya », explique dans une analyse Patrick Rifoe, militant du RDPC.
Christophe Mien Zok, directeur des organes de presse, de l’information et de la propagande du RDPC, qui balayait d’un revers de main les velléités de rupture il y a quelque temps en évoquant même une « surestimation médiatique » du poids réel de ces partis, les comparant à « la grenouille qui se croyait plus grosse que le bœuf », reconnait désormais dans les colonnes du journal L’Action du 1er juillet que les candidatures d’Issa Tchiroma Bakary et de Bello Bouba Maïgari (UNDP) ajoutent « du sel et du suspense » à la compétition présidentielle. Pis encore, il concède que « la prochaine élection ne sera pas une promenade de santé », contredisant de façon spectaculaire ses positions antérieures.
Cependant, au regard des résultats des dernières consultations locales, « cette incidence ne pourra cependant pas empêcher le candidat du RDPC de remporter l’élection à venir », ajoute Patrick Rifoe. L’influence politique de ces derniers s’étant émoussé avec le temps, il n’est pas certain qu’ils puissent véritablement détourner les électeurs du RDPC, le parti au pouvoir bénéficiant toujours d’une solide implantation locale et d’un réseau de soutien bien établi.
Le RDPC, conscient des enjeux, ne reste pas non plus les bras croisés depuis ces déclarations de candidature. Le parti affûte ses armes et a engagé depuis quelques jours des consultations politiques au Palais de l’Unité. Le 2 juillet, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh a reçu des membres du gouvernement originaires du Grand Nord ainsi que des parlementaires. Lors de cette rencontre, un message clair du chef de l’État leur a été délivré : « Une élection n’est jamais gagnée à l’avance. Restons mobilisés et déterminés. »
Julien Efila

