Obala: Des structures sanitaires hors-la-loi sous le feu des projecteurs

En visite inopinée dans certaines institutions de santé de cette ville de la région du Centre, le 16 octobre dernier, le ministre de la Santé publique a découvert un tableau consternant d’irrégularités, révélateur d’un mal plus profond qui coûte parfois la vie à de nombreux patients.

Un accouchement supervisé par des stagiaires non diplômés, des médecins absents, des pharmacies tenues par du personnel non habilité… Ce n’est pas un scénario de fiction, mais bel et bien la triste réalité découverte le 16 octobre dernier par le ministre de la Santé publique, Malachie Manaouda, à l’ occasion d’une descente inopinée dans trois structures de santé de la ville d’Obala dans le département de la Lekié.

Au centre de santé « Le Mont des Oliviers », le membre est tombé sur une structure insalubre, dirigée en l’absence du chef de centre, et gérée par des élèves et stagiaires sans qualification. Malgré cela, des accouchements y étaient pratiqués, sans la présence de sages-femmes diplômées. Les documents administratifs présentés se sont avérés douteux, au point de faire planer un sérieux doute sur la légalité même de l’établissement.

Au Centre médical « Les Mains Douces », c’est un tout autre type de scandale qui a éclaté. Le responsable adjoint, époux de la gérante, a accueilli le ministre à la place de cette dernière, infirmière de formation. Plus grave encore, le Dr ENAMA Benoît, médecin généraliste censé y exercer, est fonctionnaire affecté à Ebolowa, où il est absent sans justification depuis plusieurs mois. Le ministre a annoncé qu’il sera traduit devant le Conseil de discipline de la Fonction publique pour abandon de poste. Non conforme aux exigences légales, l’établissement est désormais sous le coup de mesures administratives conservatoires, en attendant sa régularisation.

La visite s’est poursuivie à la « Pharmacie Sainte Marie Duquestre SARL », où le ministre a été accueilli par deux auxiliaires de pharmacie, seuls sur les lieux. Aucun pharmacien titulaire n’était présent. Le ministre a exigé la présentation des documents de création et de licence d’exploitation et ordonné une vérification approfondie de la régularité de cette officine.

Obala, exemple d’un mal national

Si les dysfonctionnements constatés à Obala ont choqué, ils ne sont pas isolés. Dans de nombreuses localités du pays, des structures sanitaires opèrent dans l’ombre de la légalité, avec du personnel non qualifié, des équipements défectueux, et parfois sans supervision médicale. Les conséquences sont dramatiques : décès évitables, complications graves, soins inefficaces, voire dangereux.

Des rapports internes du ministère de la Santé le confirment : chaque année, plusieurs décès dans les hôpitaux de district et centres de santé de base sont liés à des erreurs médicales évitables, des diagnostics bâclés ou des retards de prise en charge causés par des dysfonctionnements organisationnels.

Pour Malachie Manaouda, cette opération coup de poing s’inscrit dans une démarche nationale d’assainissement du secteur sanitaire. Il s’agit de rappeler aux promoteurs que la santé n’est pas un commerce, mais un engagement éthique et légal envers la vie humaine. « Tout doit être régularisé, car nul ne saurait exercer sans être en règle », a martelé le ministre, visiblement déterminé à restaurer la confiance du public dans les formations sanitaires, aujourd’hui entachées par les scandales à répétition.

 

Julien Efila

 

 

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