MRC: Meeting parisien aux relents d’une entrée en campagne

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun et son leader, Maurice Kamto, ont tenu leur promesse, celle d’organiser le 31 mai 2025 un grand rassemblement politique qui aura drainé des milliers de militants et sympathisants de ce parti de l’opposition venus de l’Europe ou des Etats-Unis, au lieudit Place de la République à Paris, en prélude à la Présidentielle d’octobre.
Pari réussi pour Maurice Kamto et son parti, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), avec la tenue effective du méga meeting annoncé du parti de l’opposition sur la place parisienne. Un gigantesque meeting qui a revêtu toutes les allures d’une entrée en campagne de l’opposant dont la candidature tarde à prendre corps et à se matérialiser sous la bannière d’une formation politique, rendu à quelques cinq mois de la présidentielle d’octobre 2025. Et pourtant ce ne sont pas les milliers de militants et sympathisants du MRC venus de toute l’Europe, notamment de l’Espagne, de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Angleterre et même des Etats-Unis qui font défaut au leader du MRC.
Ils se sont donnés rendez-vous Place de la République à Paris ce samedi 31 mai 2025. Au rang desquels des universitaires à l’instar de Jean Calvin Abah Oyono, venu de Yaoundé pour ce rendez-vous. Mais aussi des personnalités politiques et de la société civile à l’instar de l’artiste musicien Richard Bona. Sans oublier des milliers d’anonymes issus de cette diaspora hétéroclite camerounaise, se disant assoiffés d’alternance, ils brandissent le drapeau national, chantant en chœur l’hymne national. Dans une ambiance aux allures de carnaval que le Président du MRC prendra la parole.
Dans un premier temps pour dissiper le doute et lever l’équivoque sur sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre. Maurice Kamto affirme, serein, qu’il briguera bel et bien les suffrages de ses compatriotes, notamment ceux de la diaspora qu’il appelle à se mobiliser pour une plus grande implication dans le financement de sa campagne. Une collecte de fonds qu’il table à 6 milliards Fcfa nécessaires pour sa campagne électorale. Et de s’en prendre au régime de Paul Biya qu’il accuse de frilosité face à sa capacité de mobilisation et dont il déplore son incapacité à répondre aux aspirations des camerounais.
Alternance pacifique
A moins de six mois de l’élection prévue en octobre, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun s’est présenté en « messager de l’unité du Cameroun », promettant de rétablir le droit pour les Camerounais d’avoir une deuxième nationalité. « Quand vous m’aurez fait l’insigne honneur de me confier les rênes, vous pouvez être sûr que rien n’arrivera à M. Biya et sa famille. Rien. Je m’en porte garant, je n’ai pas le temps pour la haine. J’ai le temps pour bâtir le Cameroun avec vous », a-t-il assuré.
Face à lui, sur la place de la République, ses partisans – 10.000 selon les organisateurs – saluent avec enthousiasme son « rêve d’une alternance pacifique par les urnes ». Certains brandissent des pancartes « Biya dégage, Kamto seul espoir » ou encore « Jeunesse debout, l’avenir nous appelle ». « Il faut qu’il comprenne qu’il est temps de laisser la place à celui qui donne de l’espoir », lance-t-on dans la foule. Ou encore il s’agit de « montrer au monde que le candidat du peuple camerounais, c’est Maurice Kamto ». « Après plus de 40 ans de dictature, il faut tout changer. Au Cameroun rien ne marche », déclarent certains.
Sur son sort, Maurice Kamto déclare qu’il n’y a « aucun obstacle juridique » à sa candidature. « C’est une manoeuvre politicienne du régime pour tenter de bloquer le candidat qui leur fait peur car il incarne le changement véritable », affirme Guy Tassé, avocat à Paris et membre du bureau du MRC en France. A l’inverse, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) du président Paul Biya, dont on ne sait s’il compte briguer un nouveau mandat à 92 ans, n’a selon Me Tassé, « aucun programme ». Pour lui, « un président qui a fait 43 ans au pouvoir ne peut proposer aucun programme qui puisse convaincre ».
Evariste Menounga