Marche de Maroua: 500 millions FCFA mobilisés pour 100 000 jeunes

Transport, hébergement, restauration et kits vestimentaires seront pris en charge pour les jeunes attendus à Maroua du 8 au 10 mai. Un budget qui soulève interrogations et réactions sur les réseaux.
À Maroua, du 8 au 10 mai 2025, 100 000 jeunes venus de toute la région de l’Extrême-Nord se rassembleront pour soutenir la candidature du président Paul Biya en vue de l’élection d’octobre prochain. Derrière l’événement, une logistique impressionnante : transport, hébergement, restauration, kits vestimentaires et une participation forfaitaire fixée à 5 000 FCFA par jeune. Une opération orchestrée par la Plateforme des Jeunes de l’Extrême-Nord pour l’Émergence, qui promet « une prise en charge complète dans les meilleures conditions », selon son coordonnateur Mohamadou Atikou Kalda.
Mais derrière les tee-shirts, casquettes et pagnes, c’est bien le chiffre qui interpelle : (100 000 jeunes × 5 000 FCFA, soit un demi-milliard de FCFA). Un montant qui, selon plusieurs observateurs de la scène politique, pourrait financer des infrastructures vitales dans cette région longtemps marginalisée : écoles, centres de santé, forages, ou projets d’autonomisation. Ce calcul fait d’autant plus réagir que d’autres documents, ayant également fuité sur les réseaux sociaux, montrent que la mobilisation militante est minutieusement encadrée ailleurs dans le pays.
À Bafoussam, par exemple, 30 militants sont attendus pour accueillir une délégation du RDPC, chacun recevant un perdiem de 3 000 FCFA, un sandwich, une petite bouteille d’eau et un doigt de banane. Le tout orchestré avec une rigueur quasi-militaire, jusque dans la ventilation des effectifs entre mouvements affiliés au parti.
Cette « mise en scène » du militantisme n’est pas nouvelle au Cameroun, mais elle interroge toujours davantage, surtout auprès d’une jeunesse confrontée au chômage, à la précarité et à l’absence de perspectives durables. Si certains y voient un « moment de communion patriotique », d’autres dénoncent une « instrumentalisation politique d’une jeunesse à qui l’on offre des tee-shirts au lieu de projets ».
L’événement de Maroua, pensent certains acteurs politiques, est perçu comme un test grandeur nature pour jauger la capacité de mobilisation du Rdpc dans le Septentrion, à l’approche d’échéances électorales cruciales. « Reste à savoir si les jeunes seront simplement des figurants d’un scénario écrit d’avance, ou les véritables acteurs du futur qu’ils espèrent ».
H.T