Le Cameroun dans la spirale des flux financiers suspects…

Fraudes fiscales, financement du terrorisme, détournements : les flux financiers suspects au Cameroun ont explosé en 2023. L’Anif révèle des chiffres vertigineux, et la Conac s’inquiète des mécanismes sous-jacents à ces montants faramineux.

Alors que le monde se débat contre les crises économiques et sociales, le Cameroun semble être en pleine ascension… des flux financiers suspects. L’Agence nationale d’investigation financière (Anif) a tiré la sonnette d’alarme avec un rapport qui ferait pâlir plus d’un économiste : près de 1700 milliards de FCFA de transactions douteuses identifiées en 2023. Un bond de 180 % en un an, un chiffre aussi vertigineux que préoccupant.

Derrière ces sommes astronomiques, la Commission nationale anti-corruption (Conac) décode une réalité peu reluisante : ce sont les fraudes, sous toutes leurs formes, qui alimentent en grande partie cette dynamique. En effet, plus de la moitié des dossiers traités par l’Anif concernent des fraudes fiscales et douanières, avec un appétit vorace pour la dissimulation des chiffres d’affaires ou des transferts illicites de fonds à l’étranger. Les banques, les sociétés de transfert d’argent et autres acteurs économiques sont mis à contribution dans ce réseau complexe de transactions opaques. Les autorités compétentes ne sont pas restées les bras croisés et ont orienté ces informations sensibles vers des institutions comme la Direction générale des impôts (DGI) et la Direction générale des douanes (DGD).

Mais les fraudes diverses ne sont pas les seules à attirer l’attention. Les financements de groupes terroristes, en particulier ceux liés à Boko Haram et aux séparatistes des régions anglophones, représentent désormais 31,5 % des cas recensés par l’Anif. Escroqueries sur Internet, fausses identités pour réceptionner des fonds internationaux, ou encore usage des plateformes de mobile money : les méthodes évoluent et se diversifient, alimentant ainsi des mouvements aux ambitions plus que troublantes.

Au milieu de cette agitation financière, il est un chiffre qui étonne : les détournements de fonds publics, bien qu’en hausse de 140 %, restent marginalisés, représentant à peine 2,68 % des cas traités. Pourtant, ces quelques dossiers pèsent lourd, totalisant près de 71 milliards de FCFA, soit 4,3 % des flux financiers suspects, un montant qui fait écho à des scandales à répétition.

D’après le rapport de l’Anif, le Cameroun, à l’instar de nombreux autres pays, navigue dans une mer trouble de flux financiers illégaux. Des milliards partent, se cachent, ou s’échappent à travers des mécanismes toujours plus raffinés. La lutte est lancée, mais il semblerait que la partie ne soit pas encore gagnée. Dans cette jungle, les autorités semblent bien décidées à garder un œil vigilant… mais les défis sont immenses.

 

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