Feuilleton de la crise au PCRN: Comment Cabral Libii a gagné Robert Kona

L’année 2024 qui s’achève aura été celle d’une lutte acharnée entre deux hauts responsables du Parti camerounais pour la réconciliation nationale, pour le contrôle et la gestion des affaires.
Tout commence en novembre 2023, avec la plainte déposée par Robert Kona contre Cabral Libii au Tribunal de première instance (TPI) de Kaélé. Dans cette plainte, l’administrateur civil à la retraite, accusait le député d’avoir usé de ruse pour prendre le contrôle du parti lors du congrès de Guidiguis. L’affaire avait connu sa première audience le 4 janvier 2024, au TPI de Kaélé dans le Mayo Kani. Très attendue, la première comparution de Cabral Libii et ses camarades avait été conclue par un renvoi. Convoqué avec six autres de ses militants, le député à l’assemblée nationale s’était fait représenter par son avocat Me Roger Bebe, par ailleurs vice-président du Pcrn.
La plainte de Robert Kona, récusait les décisions du congrès tenu à Guidiguis le 19 mai 2019. C’est au cours de ce rassemblement politique que Cabral Libii avait été porté à la tête de ce parti. Cette sortie avait été le point de départ d’un procès à rebondissements multiples qui aura duré près d’un an. Cette bataille judiciaire qui a connu plusieurs renvois et des appels, s’est soldée le 25 novembre 2024 par la victoire de Cabral Libii. Dans le verdict prononcé par la cours d’Appel de Maroua, le député a été reconnu comme le président légal et légitime du parti.
Les conséquences de cette bataille
Cette bataille avait fait naitre deux factions au sein du parti. L’une acquise à la cause de Cabral Libii et l’autre, solidaire à Robert Kona. Les deux camps avaient alors offert à l’opinion un combat de chiffonniers. L’une des conséquences les plus marquantes de ce conflit est l’annulation de son congrès ordinaire. Prévu à Kribi du 15 au 17 décembre 2023, ce congrès avait été annulé par le sous-préfet de séant. L’autorité administrative avait alors évoqué « des dissensions internes ». Pour le sous-préfet de Kribi II, l’instabilité au sein de cette formation politique était une menace à l’ordre public.
Les tensions entre ces deux responsables avaient aussi créé un bicéphalisme à la tête de cette formation politique. Plusieurs décisions prises dans les deux camps illustrent cet état des choses. Dans un communiqué signé le 25 mars 2024 par Cabral Libii, l’on avait appris l’exclusion définitive de Robert Kona du PCRN. Ce communiqué rendait public, la décision du conseil de discipline du parti. Le fondateur du parti était exclu pour motif de rébellion. Trois jours après, Robert Kona à son tour excluait Cabral Libii. Il avait transmis au ministre de l’Administration territoriale, une liste de militants et responsable frappés par cet acte de mise à l’écart.
Le jeu trouble de l’administration territoriale
L’on avait soupçonné le ministre de l’Administration territoriale d’être le chef d’orchestre de la déstabilisation du PCRN. Le ministre Paul Atanga Nji avait écrit au directeur général des élections le 15 mai pour désigner le représentant du PCRN. Dans ce courrier, le Minat demandait à Éric Essousse de désormais considérer Robert Kona comme l’unique mandataire de ce parti. Quelques heures après la signature de cette note par Paul Atanga Nji, le préfet du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent prenait la résolution d’exclure le PCRN de la parade civile au boulevard du 20 mai. L’administrateur civil principal justifiait alors sa décision par les bruits de bottes au sein de ce parti qui selon lui auraient nuis au bon déroulement des festivités. « J’ai l’honneur de vous faire connaitre que votre parti ne pourra plus prendre part audit défilé en raison des dissensions dans le parti, susceptibles de perturber l’environnement des festivités », avait écrit le préfet.
L’on avait constaté que, malgré ce contexte d’instabilité, Robert Kona avait le feu vert de la territoriale pour l’organisation de ses activités. Il a d’ailleurs tenu un point de presse dans un espace hôtelier à Yaoundé. L’on se souvient aussi de la tenue de son congrès à Maroua dans l’Extrême-Nord du pays, les 25 et 26 mai, malgré la suspension dudit congrès prononcée par le tribunal de première instance de Maroua.
I.S.