Année 2024 : Le tout 1er centre de transfert sans reprises des déchets à Douala

Hysacam a inauguré au cours de cette année 2024, le tout premier centre de transfert de déchets sans reprise à Douala, permettant de les regrouper par les camions-bennes avant de les acheminer jusqu’aux installations de traitement à coûts maîtrisés.
Dans un contexte de décentralisation, où la gestion des ordures ménagères constitue un défi majeur pour les CTD, Douala est au cœur des réflexions. Depuis près d’une décennie, la cité économique fait face à des défis colossaux liés à la gestion des déchets, exacerbés par une croissance démographique rapide. Les ordures déversées à même le sol, les grèves répétées des employés d’Hysacam, l’absence des bac-à-ordures dans les rues, sont les problèmes qui minent la ville de Douala. Selon les données officielles, la ville produit en moyenne 25 000 tonnes de déchets chaque année. Avec la décharge de Nyalla devenue saturée, le nouveau centre de transfert de Youpwé est « une réponse urgente et innovante à cette crise ». L’année 2024, sonne la fin de ce désordre urbain. Ce premier centre de transfert des déchets sans reprise à Douala marque un tournant important dans les efforts de modernisation de la collecte et du traitement des ordures ménagères dans la ville par Hysacam.
Cette infrastructure, bâtie sur une superficie de 5 000 m², a une capacité de gestion d’environ 1 000 tonnes de déchets par jour. Le coût de réalisation est estimé à un milliard de FCFA. Ce projet exécuté par Hysacam, avec l’appui de la Communauté Urbaine de Douala (CUD), comprend un pont bascule, un local technique, une plateforme de transport sans reprise, une aire de maintenance et un bassin de rétention du lixiviat. Il s’inscrit dans une dynamique de modernisation nécessaire pour une ville comme Douala, et accueille les déchets ménagers en provenance des arrondissements de Douala 1er, 2ème, 3ème et 4ème transportés par les camions de petite capacité. « Les déchets sont repris par des gros porteurs d’au moins 30 m³ et transportés au centre de traitement des déchets de la ville (PK10 ou Ngombè) à des heures de faible trafic » renseigne le dossier presse. De même, le site fonctionne comme une déchetterie où les usagers peuvent venir déposer leurs déchets encombrants comme les branchages, les meubles usagés, etc.
L’entreprise exécutive responsable est Hysacam, et la mission de contrôle des déchets pour la région du Littoral est assurée par le Bureau de contrôle des déchets, CreaConsult. « C’est ici que nous enregistrons l’arrivée du déchet et il y a une feuille de route qui donne les informations sur l’endroit où le déchet a été collecté, le circuit de collecte, le type de camion de collecte et le nom du chauffeur. Désormais nous sommes capables de dire aux citoyens qui se plaignent de l’absence d’Hysacam dans leur quartier, qu’ils se trompent avec des preuves » explique Valérie Soule, Ingénieure d’études et de suivi des projets du cabinet Créaconsult. Une réalisation saluée par le Maire de la ville de Douala, Roger Mbassa Ndine. « Ce centre de transfert des déchets sans reprise est une première en Afrique centrale. C’est une avancée majeure dans notre ambition de rendre Douala plus propre, plus attractive et plus respectueuse de l’environnement », a-t-il déclaré.
Comme perspectives et retombées, le maire de Douala se dit prêt à financer ces nouveaux projets qui contribueront à l’amélioration de la propreté urbaine. Tant disque le Minhdu promet d’étendre ce projet dans la ville de Yaoundé en 2025. Car, il permet d’optimiser les services de propreté en augmentant les rotations de collecte dans les quartiers, réduit le kilométrage parcouru par les camions de collecte pour contribuer à une mobilité plus sobre en carbone et plus fluide dans la ville. Ce projet contribue également à l’économie circulaire à travers la déchetterie où les déchets préalablement triés pourront être repris par les entreprises de recyclage. Dans un contexte de rareté des ressources, l’entreprise promet d’investir dans les centres de transfert pour améliorer la qualité du service et contenir les coûts. Cependant, pour le top management, de tels investissements peuvent contribuer à freiner la croissance de l’enveloppe budgétaire et à améliorer la gestion des déchets dans un contexte financier difficile.
Nouveau centre de transfert des ordures à Douala : Quelle plus-value ?
L’ouverture d’un nouveau centre de transfert des ordures à Douala pourrait apporter plusieurs avantages significatifs à la ville, notamment en termes de gestion des déchets et d’amélioration des conditions de vie des habitants. Cependant, la question relative aux ressources allouées à l’hygiène et la salubrité dans nos villes persiste. « Au regard de la croissance démographique exponentielle dans ces grandes métropoles, le budget alloué à Hysacam pour la gestion des ordures est très bas […] Les employés ne sont pas motivés à donner le meilleur d’eux pour qu’on obtienne une ville constamment propre » a souligné le DG d’Hysacam dans son allocution. En d’autres termes, la réussite de ce projet, repose sur une bonne gestion des ressources humaines. Cependant, en comparaison à ce qui se fait ailleurs, alors qu’une ville comme Kigali consacre 10 milliards de FCFA malgré ses 600 000 habitants, et moins de 500 tonnes de déchets par an, Douala et Yaoundé avec environ 5 millions d’habitants chacune, y consacrent moins de dix milliards de FCFA chacune. Ce qui revient à 2 000FCFA par jour pour gérer la salubrité d’un citoyen au Cameroun contre, 10 mille pour Kigali.
Charles Totchum