Affaire Pcrn: Atanga Nji défie Paul Biya

Alors que la Justice reconnaît Cabral Libii, comme président national du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn), et que la présidence de la République l’a même invité à ce titre à la cérémonie de présentation des vœux au chef de l’Etat le 10 janvier dernier, le ministre de l’Administration territoriale persiste à introniser Robert Kona.
De deux choses l’une. Soit Atanga Nji défie la Justice. Soit c’est Paul Biya, le président de la République en personne, qu’il conteste. En effet, alors que la Justice reconnaît Cabral Libii, comme président national du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn), et que la présidence de la République l’a même invité à ce titre à la cérémonie de présentation des vœux au chef de l’Etat le 10 janvier dernier, le ministre de l’Administration territoriale (Minat) persiste à introniser Robert Kona. Ce dernier, fondateur du Prcn mais ayant transmis la présidence du parti à Cabral Libii, s’est quand même fait inviter par le Minat le 31 janvier dernier à Yaoundé.
Au sortir de cette rencontre qui a vu la participation d’autres partis de l’opposition alliés du Rdpc comme l’Union des populations du Cameroun (UPC) ou encore le Mouvement pour la défense de la République (MDR), Robert Kona a même déclaré que le Prcn soutient plutôt la candidature de Paul Biya, au pouvoir, dans le cadre de la présidentielle prévue en octobre prochain. « Paul Biya est une bénédiction pour le Cameroun. Nous croyons en sa victoire en 2025 », a-t-il déclaré au micro de la Crtv, le média à capitaux publics.
Dans un communiqué du 1er février 2025, le porte-parole du Pcrn, Fatouma Noura Moussa, a rappelé que Robert Kona a introduit une requête en annulation des résolutions du congrès du parti, tenu en mai 2019 à Guidiguis, mais qu’il a été débouté par le Tribunal de Première Instance de Kaélé.
La Cour d’appel de l’Extrême-Nord, dans une décision datant du 25 septembre 2024, a également ordonné à Robert Kona de cesser toute action au nom du Pcrn, notamment en qualité de président ou de « père fondateur », un titre non reconnu par les statuts du parti. Face à cette autre tentative de manipulation, il y a lieu de rappeler que l’ex- Président du PCRN qui est mis en scène, Monsieur Kona Robert, qui a introduit en 2023 une requête en annulation des résolutions du Congrès du parti qu’il avait en personne présidé le 11 mai 2019 à Guidiguis, a été débouté par le Tribunal de Première Instance de Kaélé le 5 septembre 2024.
Il convient également de rappeler que la Cour d’Appel de l’Extrême-nord dans une décision datée du 25 septembre 2024 a ordonné à l’intéressé de cesser d’agir au nom et pour le compte du PCRN, en qualité de Président national, ou en celle de Père Fondateur non prévue par les textes de ce parti », indique le communiqué signé de Fatouma Noura Moussa.
Avec le soutien déclaré par Robert Kona au Rdpc, la rupture avec Cabral semble irréversible. La situation est d’autant plus complexe qu’elle met en scène deux puissances : la légalité incarnée par la justice, qui reconnaît Cabral Libii, et l’influence du Minat, dirigé par Paul Atanga Nji, qui soutient Robert Kona. Quelle légitimité prévaudra dans cette bataille de pouvoirs. D’un côté, le Pcrn, sous la direction de Cabral Libii, invoque des arguments juridiques pour revendiquer la présidence du parti et demander à Robert Kona de ne plus se présenter comme son leader. De l’autre, le poids du Minat et son rôle crucial dans les dynamiques politiques camerounaises ne peut être ignoré.
Celui qui a la justice de son côté est-il plus puissant que celui qui bénéficie du soutien du Minat ? Le parti pourrait recourir à la justice pour obtenir gain de cause, mais la réalité politique sur le terrain pourrait s’avérer bien différente. L’influence de Paul Atanga Nji et l’appareil répressif qui est à sa disposition pourrait jouer un rôle décisif dans l’issue de ce conflit. Cette affaire qui mêle enjeux juridiques et pouvoirs politiques, n’a pas fini de livrer ses secrets.
Hélène Tientcheu