42 ans de Renouveau: Bilan mitigé des mandats de Paul Biya

Depuis le 06 novembre 2024, le pays a traversé des périodes de croissance économique, des crises et de profondes mutations politiques constituant ainsi un bilan à la fois positif et négatif.

A onze mois de la prochaine élection présidentielle au Cameroun, des rumeurs extravagantes traversent le firmament, puis s’évanouissent comme des étoiles filantes, sans parvenir à troubler, si oui, aussi peu le rythme des jours. Certains camerounais redoutent la septième candidature du président Paul Biya aux élections présidentielles tant disque que d’autres le célèbrent et réclament ladite candidature. Cependant, malgré ces outrances (la fourberie politicienne, la complaisance médiatique), il demeure imperturbable. Il vient l’heure pour les citoyens, de s’arrêter et comparer le Cameroun sous le règne du président Paul Biya et celui de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo. Si le mandat de ce dernier a été marqué par la consolidation de l’unité nationale après l’indépendance et la réunification avec la partie anglophone en 1961, celui de Paul Biya a connu le multipartisme, bien que critiqué pour la lenteur des réformes institutionnelles et la persistance de pratiques autoritaires.

Sur le plan économique, malgré la richesse de son sous-sol ou de son agriculture (pétrole, gaz naturel, aluminium, or, bois, café, cacao, ou encore coton), 23 % de la population camerounaise continue de vivre en dessous du seuil de pauvreté. Par ailleurs, selon la banque africaine de développement, le taux de croissance économique du Cameroun en 2023 est légèrement en hausse, à 3,8%. A en croire l’économiste Louis-Marie Kakdeu, le pays n’a pas toujours été en situation de dépendance. Pour lui, l’année d’accession de Paul Biya au pouvoir, le taux de croissance était à deux chiffres. Or, aujourd’hui le pays est complètement sous dépendance et le taux de croissance atteint difficilement 3% à 4%. 42 ans après, l’économie camerounaise est entièrement extravertie. Les bases de l’économie centrée sur l’agriculture et l’exportation, avec une politique de diversification instauré par Ahmadou Ahidjo sont quasi inexistantes. Les infrastructures de base (les routes et ponts), sont défectueux et les projets de reconstructions sont freinés par la corruption et une mauvaise gouvernance.

Lorsque Paul Biya prenait fonction en 1982, sa vision était celle d’une société où l’intégrité constitue une valeur essentielle pour tous les citoyens. Toutefois, les disparités régionales et le chômage continuent de poser des défis pour la cohésion sociale et l’inclusion. Par ailleurs, après la crise économique de la fin des années 80 qui a fragilisé pratiquement tous les secteurs de la vie nationale, comme un cancer, la corruption s’est insinuée dans la société. Malgré les actions menées par la Conac et autres institutions engagées dans la lutte contre la corruption, le Cameroun reste sur une position stagnante dans les tableaux de classement des institutions de gouvernance. En 2023, l’ONG Transparency International le classait à la 140e place sur 180 pays. La Commission nationale anticorruption estime, dans un rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun, que l’Etat a subi, en 2023, un préjudice financier de 114 milliards de FCFA.

Par conséquent, le pays peine à diversifier son économie et à réduire la pauvreté. Tout comme les inégalités entre les différentes régions, surtout en matière d’accès à l’emploi et aux infrastructures de base, freinent le développement global. Sur le plan de la santé, le gouvernement d’Ahidjo a établi des centres de santé de base dans les zones rurales et urbaines. L’objectif était de fournir un accès à des soins de santé primaires, bien que la couverture soit encore limitée et que la formation du personnel médical soit insuffisante. Afin d’y remédier, Biya a amélioré les infrastructures médicales avec la création d’hôpitaux spécialisés et d’instituts de recherche en santé, bien que l’accès aux soins reste problématique pour une grande partie de la population. La gestion de la crise de santé publique (comme le VIH/sida, de la Covid-19) a montré certaines faiblesses dans le système de santé au Cameroun. Face à ces réalités, la société civile et les partis d’opposition pointent du doigt un système perçu comme peu compétitif et injuste.

Charles Totchum

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