Turquie–Cameroun: Vers un nouveau cadre de coopération économique

Plus de 20 entreprises turques ont participé, le 3 juillet dernier à Douala, à un forum B2B avec leurs homologues camerounais.

Des poignées de main, des échanges soutenus, des agendas chargés : ce 3 juillet 2025, le Forum B2B Turquie–Cameroun a transformé Douala en véritable ruche diplomatique et économique. Vingt entreprises turques ont rencontré leurs homologues camerounais avec un objectif clair : nouer des partenariats concrets, de l’agroalimentaire au textile, en passant par les machines, l’ameublement ou encore la chimie. Ce dialogue commercial direct a été initié par l’Assemblée des exportateurs de Turquie (TIM), avec le soutien du gouvernement turc et de son ambassade à Yaoundé.

Selon le porte-parole du Conseil d’administration de l’Association des Exportateurs de Prêt-à-Porter et Vêtements d’Istanbul (İHKİB), les échanges commerciaux entre la Turquie et le Cameroun ont considérablement progressé en dix ans : de 130 millions de dollars (environ 80 milliards FCFA) en 2014 à près de 300 millions en 2024 (environ 180 milliards FCFA). « La Turquie exporte aujourd’hui vers le Cameroun pour près de 197 millions de dollars (118 milliards de FCFA), contre des importations d’environ 95 millions de dollars (57 milliards FCFA) ».

Mais le potentiel reste largement inexploité. « À peine 2 % du commerce extérieur camerounais se fait avec la Turquie. Nous pouvons aisément doubler ce chiffre dans les années à venir », a souligné le chef de la délégation turque, évoquant « le potentiel considérable du Cameroun à l’horizon 2035 ». Ce forum s’inscrit dans la continuité d’un rapprochement amorcé avec la toute première visite ministérielle turque au Cameroun, en mai dernier. Pour l’ambassadeur Volkan Öskiper, « ces événements ancrent les liens politiques dans le réel économique ».

Le cacao et le café en ligne de mire

Le choix de Douala comme ville hôte du forum n’était pas anodin. Gérémie Solle, premier adjoint au maire, a affirmé la volonté de la ville de s’ouvrir aux partenariats : « Nous sommes ouverts aux coopérations techniques et industrielles. Nous voulons attirer les investissements pour moderniser notre cité ». Parmi les temps forts de la journée, une session stratégique a été consacrée au cacao et au café, « fers de lance » de l’agriculture camerounaise. En partenariat avec l’Office national du cacao et du café (ONCC), cette rencontre a permis de promouvoir les produits locaux auprès des acheteurs turcs tout en encourageant leur transformation sur place.

Cette démarche a été saluée par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, qui y voit « un modèle de coopération gagnant-gagnant, avec de la valeur ajoutée locale et un véritable transfert de savoir-faire ». Devant les investisseurs turcs, il n’a pas mâché ses mots : « Le Cameroun est l’une des portes d’entrée de la Zlecaf. Investir ici, c’est accéder à ce marché de 1,3 milliard d’habitants, appelé à doubler. Investir ici, c’est ouvrir la porte du paradis ». Il a aussi tenu à rappeler que « la Turquie est un exemple de développement industriel fondé sur l’innovation, les technologies et l’audace entrepreneuriale. Nos opérateurs doivent s’en inspirer ».

Pour les participants turcs, ce forum marque une nouvelle ère : celle d’une coopération économique d’égal à égal. « La délégation turque ne s’est pas déplacée pour ‘’exposer’’, mais pour échanger, apprendre, conclure », a résumé un représentant du TIM. Pour lui, l’ambition est claire : faire en sorte que, dès 2026, les échanges commerciaux entre la Turquie et le Cameroun dépassent les intentions pour s’inscrire durablement dans la réalité.

Hélène Tientcheu

 

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