Rdpc: Les non-dits d’un renouvellement des cadres du parti

La nomination les 25 et 26 mars 2025 de nouveaux membres titulaires au Comité central et dans les délégations permanentes régionales par le Président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) redistribue les cartes au sein du parti au pouvoir et jette de l’ombre sur la volonté Paul Biya de convoquer un Congrès en prélude à la présidentielle d’octobre prochain.
Tous les ingrédients semblent à première vue réunis pour que les instances dirigeantes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) organisent un congrès qui se voudra ordinaire, rendu à quelques mois de la présidentielle d’octobre 2025. Plusieurs arguments militent d’ailleurs pour la convocation de cette instance. Le premier argument avancé est le temps écoulé depuis la tenue du dernier congrès. Le dernier congrès du parti s’est en effet tenu en 2011, soit 14 ans depuis lors, alors que les textes de base du Rdpc prévoient la tenue d’un congrès tous les cinq ans.
Autre argument avancé, depuis le congrès de 2011, le RDPC n’a pas renouvelé ses instances dirigeantes, et le parti a perdu 09 des 23 membres que compte le Bureau politique. La récente redistribution des cartes au sein du Comité central laisse entrevoir d’éventuelles entrées au Bureau politique. Il est composé de 23 membres issus du Comité central : 20 élus par le Congrès et 03 désignés par le président national, avec pour mission d’assister le président national dans la conduite des affaires du parti en dehors des réunions du Comité central.
L’on se souvient que deux membres de cette instance du parti avaient déjà leur fauteuil inoccupé : il s’agit de Marafa Amidou Yaya, incarcéré en 2012 et de Emmanuel Bondé nommé au Conseil constitutionnel. Avant que l’hécatombe ne s’abatte sur le parti, 07 autres membres, passés de vie à trépas, laisseront leur fauteuil vide entre-temps. Il s’agit de Jean-Bernard Ndongo Essomba, de Mme Medjo Delphine, du sultan Mbombo Njoya Ibrahim, de Janvier Mongui Sossomba, de Mohamadou Abbo Ousmanou, de Zang Nguele Rose et de John Ebong Ngolle.
Assignation en référé
Sous le prisme de ces augures, la tenue d’un congrès du parti permettrait non seulement l’entrée de nouveaux membres au sein de cette instance dirigeante, mais aussi de compléter les arrivées au Comité central, après les nominations du 26 mars dernier.
Seulement, rien n’est moins sûr, d’autant que nombre d’observateurs ont cru devoir déceler en ces récentes nominations au sein du parti, une sorte de fuite en avant du Président national. Selon les tenanciers de cette thèse, Paul Biya se préparerait à ne pas convoquer un congrès qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Il s’agit selon eux de la mise en selle d’une stratégie déjà éculée : couper l’herbe sous le pied de ceux qui militent pour la tenue de ces assises en procédant aux nominations en lieu en place des congressistes. Quitte à s’en remettre plus tard au fameux Bureau politique pour adouber cette nouvelle candidature comme en 2018.
En déclarant dans une récente interview au quotidien gouvernemental que : « les militantes et les militants savent très bien que la tenue d’un congrès, quel qu’en soit la nature, interviendra inévitablement en son temps, dans le strict respect des dispositions statutaires du parti », Jean Nkuete n’a fait qu’épaissir le mystère sur la volonté réelle de convoquer ces assises. Une sortie qui a eu le mérite de susciter un tollé de réactions de militants criant à hue et à dia à l’organisation d’un congrès, à l’instar de Leon Theiller Onana.
Le conseiller municipal du Rdpc à la commune de Monatélé n’est pas passé par quatre chemins pour demander au Tribunal de première instance de Yaoundé-centre administratif de désigner un mandataire ad-hoc chargé de convoquer un congrès du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). C’était par assignation en référé d’heure en heure du 25 mars 2025. Laissant ainsi éclater au grand jour les divergences sur l’opportunité de la tenue de ces assises.
EM