Présidentielle 2025: L’imprimerie affiche des signes de défaillance

Cette entreprise publique généralement chargée de produire les bulletins de vote et autres matériels électoraux, est actuellement en proie aux mouvements d’humeur des employés qui menacent d’entrer en grève à quelques mois de l’élection présidentielle.

L’imprimerie nationale va mal. A quelques mois de l’élection présidentielle, cette entreprise publique chargée de produire les bulletins de vote et autres matériels électoraux, est actuellement en proie aux mouvements d’humeur des employés qui menacent d’entrer en grève. En effet, dans une correspondance datée du 1er avril 2025, Célestin Bama, le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Cameroun (Cstc) a écrit au ministre de la Communication pour l’informer du « désarroi des travailleurs de l’imprimerie nationale ».

« En vous remerciant de l’intérêt qui vous anime dans l’implémentation et mise en œuvre du programme pays à travail décent de l’OIT adopté par le commandant en chef du bateau Cameroun […] Paul Biya, nous venons par la présente vous saisir pour compétence, afin de vous tenir informé du désarroi des travailleurs de l’Imprimerie national, qui s’enlisent dans les trous noirs de la pauvreté. Non seulement du fait de l’éternel problème des arriérés de salaire pire encore de la destruction de leurs outils de production », écrit le secrétaire général. Toujours selon lui, malgré les efforts fournis par le gouvernement pour des solutions aux maux qui minent l’Imprimerie nationale depuis la nuit des temps, les travailleurs constatent avec amertume qu’ils n’arrivent pas à sortir de l’auberge.

Ce n’est pas la première fois que l’Imprimerie se retrouve dans cette situation. Le Syndicat des industries polygraphiques du livre et assimilés du Mfoundi (Siplam) a saisi, le 29 décembre 2022, le président de la République pour annoncer un mouvement de grève et demander le limogeage du DG de l’Imprimerie nationale (IN).

« Le Siplcam et le Groupe de travailleur (Mincom-Minfi-IN-Siplam) entendent observer un arrêt de travail qui débutera le 5 janvier 2023 dès 6 heures, jusqu’à l’obtention de la résolution des griefs relevés par les travailleurs de cette entreprise d’État qui se résument en une doléance unique : placer un manager compétent à la tête de l’IN en remplacement de monsieur Komo Walter Paul, son directeur actuel rejeté par son personnel », lit-on dans la correspondance signée du président du Siplam, Oscar Magloire Atangana.

Grèves récurrentes, perte des marchés, cessation des paiements, courroux des fournisseurs, retenues des cotisations syndicales non reversées, retraités aux abois parce que non pris en charge par la Caisse de prévoyance sociale sont autant de problèmes mis sur le dos de Paul Walter Komo. « Il est malheureux de constater pour le déplorer que depuis sa nomination à la tête de cette majestueuse entreprise, qu’on feint de présenter comme moribonde, le chiffre d’affaires est en régression d’année en année, pour un résultat d’exploitation négatif qui entraînerait la structure droit vers la faillite sous le regard impuissant de tous ».

Toujours selon les syndicalistes, le principe de la séparation des pouvoirs entre l’ordonnateur et le comptable n’est pas respecté à l’Imprimerie nationale. Là-bas, apprend-on, tout est centralisé au niveau du DG qui gère l’entreprise publique comme « une épicerie familiale, à des fins inavouées au détriment des missions régaliennes assignées à cette entreprise par le gouvernement ». Du coup, les financements d’un montant de 12 milliards de FCFA mis à la disposition du DG n’ont pas permis de relever l’Imprimerie nationale.

Entreprise en difficulté

Le 1er mars 2019, à l’occasion d’une visite du ministre de la Communication (Mincom), René Emmanuel Sadi, Walter Paul Komo, s’était étendu sur les difficultés de l’IN. Ce dernier a révélé que l’entreprise publique créée en 1920 est cumulait plusieurs milliards FCFA de dettes. D’après Walter Paul Komo, l’imprimerie n’arrive par exemple pas à verser les cotisations sociales des 324 employés. La dette vis-à-vis de la CNPS a déjà atteint 1,9 milliard FCFA. Toujours selon lui, les tensions de trésorerie de l’entreprise sont dues, entre autres, au faible taux de recouvrement des créances. « L’ardoise du ministère des Enseignements secondaires s’élève à 260 millions FCFA. Nos dossiers de recouvrement sont déposés, mais rien n’est fait », avait déclaré M. Komo.

Le DG a ajouté que l’imprimerie nationale n’arrive pas à honorer ses commandes, car le magasin de papiers est constamment vide, le parc des machines à petit format est passé de dix à quatre, certaines machines ont plus de trente ans d’âge. A contrario, les commandes explosent et ont atteint un chiffre de 7 milliards FCFA en 2018. Mais, l’entreprise n’a pu honorer ses commandes qu’à hauteur de 3 milliards FCFA.

Oumarou Mey

 

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