Présidentielle 2025: Ce que réclament les personnes handicapées

Cette catégorie vulnérable de la population interpelle les candidats au scrutin d’octobre prochain à prendre en compte leurs revendications pour une réelle inclusion dans la vie politique et sociale du pays.
Les personnes vivant avec un handicap au Cameroun ne se contentent plus d’être des spectatrices de la vie politique ; elles exigent d’être des actrices à part entière. À l’occasion d’une conférence de presse tenue le 20 juin à Yaoundé, elles ont exprimé leurs doléances aux candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2025, plaidant pour des mesures concrètes qui garantiraient leur pleine participation à la démocratie camerounaise.
Ces doléances des personnes vivant avec un handicap sont claires et précises. Elles demandent la création d’un collège électoral spécial, composé de dix personnes handicapées, dont au moins trois femmes, pour porter leur voix au parlement national. De plus, elles réclament la nomination de quatre sénateurs handicapés parmi les trente sénateurs nommés par le chef de l’État, avec une répartition équitable entre hommes et femmes. Des mesures qui visent à corriger une situation où les personnes handicapées, représentant environ 15 % de la population camerounaise, sont systématiquement écartées des instances décisionnelles. Elles souhaitent également voire au moins une personne handicapée incluse dans le « quinté de têtes » lors de la constitution des listes électorales dans chaque commune, garantissant ainsi une représentation adéquate de cette population dans les processus électoraux, afin qu’elle puisse faire entendre sa voix et ses préoccupations.
Sur le plan socioéconomique, les personnes handicapées réclament une plus grande ouverture de la fonction publique, avec la réservation de 10 % des recrutements pour les personnes en situation de handicap. Elles souhaitent également que des personnes handicapées méritantes soient nommées à des postes de responsabilité, afin de garantir leur autonomie et leur intégration dans la société.
L’éducation inclusive est un autre point crucial de leurs revendications. Les personnes handicapées demandent la gratuité de la scolarité jusqu’à l’université, ainsi que des facilités d’accès aux filières professionnalisantes. Elles appellent également à la création d’un fonds national de solidarité pour l’insertion économique et sociale des personnes handicapées, afin de garantir leur autonomie et leur intégration dans la société.
Ces revendications s’inscrivent dans le cadre des engagements internationaux et nationaux que le Cameroun a ratifiés, tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées. Pourtant, malgré ces textes, la réalité sur le terrain reste préoccupante. Le poids politique des personnes handicapées est quasi inexistant, ce qui constitue une perte considérable de richesse humaine et économique.
Rappelons par exemple ici que, sur 360 députés, aucun n’est en situation de handicap. Parmi les 100 sénateurs, seule une suppléante a été nommée, et dans les conseils municipaux, la représentation est tout aussi dérisoire avec seulement une personne handicapée sur 360 maires. Jean-Pierre Fopa, président de la taskforce nationale pour la participation politique et citoyenne des personnes handicapées : « Notre principal objectif est d’interpeller les candidats sur des éléments clés pour qu’ils incluent réellement les personnes handicapées dans le processus électoral ».
La présidentielle d’octobre 2025 représente alors une opportunité cruciale pour faire entendre leur voix et garantir leur place dans la société camerounaise. Les candidats à la présidentielle sont donc appelés à intégrer ces questions dans leurs programmes politiques, afin de répondre aux attentes légitimes de cette frange de la population.
Julien Efila