Huile de palme: La production nationale caracole à plus de 77 000 tonnes
Avec une production estimée à 77 630 tonnes, la filière huile de palme brute au Cameroun a connu une forte hausse au premier trimestre 2025, passant du simple au triple, selon la note de conjoncture économique du ministère des Finances.
Record de production pour la filière. La progression portée par la grande campagne de récolte représente près du triple du volume enregistré au trimestre précédent. La production recule toutefois de 10,6 % et les projections tablent sur une baisse de 2 % à la fin de l’année. Motif de satisfaction, les importations d’huiles brutes ou raffinées ont parallèlement fléchi de 2 % sur la même période, avant une possible hausse d’ici fin 2025 pour répondre à la demande intérieure. La production d’huiles raffinées affiche une hausse trimestrielle de 7 %, mais reste en retrait de 13 % sur un an.
Il faut rappeler qu’en 2024, le Cameroun avait produit 446 984 tonnes d’huile de palme brute, selon le Premier ministre Joseph Dion Ngute. Malgré cette prouesse, la production nationale demeure largement inférieure aux besoins du marché, confronté à un déficit structurel de plus de 500 000 tonnes par an, d’après l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc). Ce déséquilibre structurel pousse le pays à recourir massivement aux importations : entre 2017 et 2023, le Cameroun a importé 409 000 tonnes, pour une valeur totale de 280,4 milliards de FCFA, selon l’Institut national de la statistique (INS).
La saison 2024 s’agissant de la production d’huile de palme a toutefois été marquée par un tournant. Les importations d’huile de palme ont chuté de 56 %, à 68 719 tonnes, leur plus bas niveau depuis 2021. Cette évolution s’explique à la fois par la création de l’interprofession Interpalm-Cam — la première du genre dans la filière — et par la volonté du gouvernement de réduire la dépendance extérieure. Interpalm-Cam vise à mutualiser les efforts des acteurs du secteur pour accroître la production nationale, améliorer la qualité et satisfaire la demande locale.
Rendements agricoles
La politique pour booster la production d’huile de palme s’inscrit dans le plan triennal de relance du palmier à huile (2024-2026), doté de 21,7 milliards de FCFA. Piloté par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, ce plan soutient les principales agro-industries du secteur (CDC, Socapalm et Pamol) dans la modernisation des unités de transformation et l’amélioration des rendements agricoles. Avec une quinzaine d’unités de raffinage en activité ou en construction, le Cameroun ambitionne désormais de renforcer sa souveraineté dans la filière. Toutefois, sans une stratégie d’approvisionnement agricole intégrée et durable, le pays restera exposé à la volatilité du marché international et aux fluctuations des importations.
S’agissant de la structure de la production, le secteur est composé de grandes agro-industries, qui assurent environ 60% de la production, et de milliers de petits producteurs qui s’investissent au sein des plantations villageoises, qui en fournissent les 40% restants. Sur la capacité des entreprises à transformer localement la production, le nombre d’unités de transformation a fortement augmenté au cours des 10 dernières années, bien que les données précises sur le nombre total d’unités industrielles impliquées dans le processus ne soit pas officiellement connues. L’inadéquation entre la production et la demande est au centre des préoccupations des pouvoirs publics.
Ainsi, le gouvernement entend mettre sur pied trois usines d’extraction d’huile de palme d’une capacité nominale de 6 tonnes/heure avec mini centrale électrique. Ces unités de transformation seront réparties auprès de trois bassins de productions différents, notamment celui de la Dibamba, de Djombé Penja et de Mbanga, toutes dans la région du Littoral. Ces usines devraient permettre au pays de booster sa production locale afin de réduire les importations qui proviennent de la Malaisie et du Gabon.
EM

