« Guerre Sainte » : Les prélats vent debout contre Paul Biya

Depuis quelques semaines, des figures religieuses, jusqu’ici discrètes sont entrés en scène. Elles ont décidé d’agiter l’armature du pouvoir en place. Les critiques les plus acerbes sont distillés contre le régime. En pleine période de célébration des fêtes de fin d’année, les homélies ont viré au « désastre ». 

Le 1er janvier 2024, lors d’une brève mais percutante prédication, Monseigneur Barthélemy Yaouda Hourgo, l’évêque de Yagoua, a secoué ses fidèles avec des propos qui, comme un virus, ont rapidement fait le tour du pays. « On ne va pas souffrir plus que ça encore. On a déjà souffert. Le pire ne viendra pas ! Même le diable, qu’il prenne d’abord le pouvoir, et on verra après ! ». Le sermon n’est pas resté cantonné dans la sphère religieuse.

Dans l’Adamaoua, Mgr Emmanuel Abbo, évêque de N’Gaoundéré, enchaîne avec des déclarations tout aussi fâcheuses : « Qu’est-ce que les Camerounais n’ont pas encore enduré ? » s’interroge-t-il avant de fustiger la gouvernance en place. « La plus grande des souffrances est qu’on interdit aux Camerounais d’exprimer leurs souffrances… Qui va-t-on gouverner quand on aura broyé tous les Camerounais ? » Ces paroles frappent fort et laissent une trace indélébile dans le paysage politique du pays.

Mais c’est à Douala que le feu prend une certaine ampleur. L’archevêque Samuel Kelda, est plus virulent : « Nous sommes des êtres humains. À un moment donné, nous quittons ce monde, nous ne pouvons pas faire de miracle », dit-il en réponse à la probable candidature du président Paul Biya, une option qu’il juge « irréaliste ». Les propos de Kelda créent une onde de choc jusque dans les plus hautes sphères de l’État.

Face à ce déluge de critiques, le gouvernement, sur la défensive, réagit. René Emmanuel Sadi, porte-parole officiel, dénonce les « interprétations abusives » des propos du président et appelle à un retour à la « sérénité ». Un appel à l’apaisement dans un pays qui, pourtant, semble de plus en plus en proie à une tourmente politique.

Les prélats se montrent ainsi, non pas comme de simples guides spirituels, mais comme des acteurs politiques prêts à jouer leur carte pour un Cameroun différent. Et pendant que l’horloge tourne vers l’élection présidentielle, la question reste posée : qui gouvernera vraiment ce pays en 2025 ?

 

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