Liberté de la presse: Les journalistes outillés à l’utilisation de l’IA

À l’occasion de la 32e édition de la Semaine de la presse, le syndicat national des journalistes du Cameroun a organisé, le 03 mai, une table ronde de haut niveau sous le thème : « L’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et des médias à la veille de l’élection présidentielle ».
La salle de conférence de l’hôtel Onomo à Bonanjo a servi de cadre d’assise pour les journalistes ce 03 mai 2025. Ces derniers, dans le cadre des activités marquant la semaine de la presse, ont tenu une table ronde portant sur l’impact de l’utilisation de l’IA dans le traitement de l’information à la veille des élections présidentielles au Cameroun. La rencontre s’est tenue en présence d’intervenants aux profils diversifiés et complémentaires. Henriette Ekwe, journaliste chevronnée, a apporté un éclairage historique et militant sur les enjeux de la liberté d’expression. Pour cette dernière, le journaliste doit « lire l’environnement politique, combattre le tribalisme en restant objectif dans le traitement de l’information ». Plus encore, afin d’accorder du crédit aux récits du journaliste en pleine année électorale, celle-ci préconise aux organisations spécialisées l’éducation des journalistes à la politique. « Le journaliste ne pourrait s’exprimer sur une situation s’il n’a aucune notion fondamentale de la politique de son pays », affirme-t-elle.
Alexandre Siewe, AI Evangelist et président de l’initiative IA For Africa, dans sa prise de parole, a évoqué les opportunités mais aussi les menaces que représente l’intelligence artificielle sur l’écosystème médiatique, notamment en matière de désinformation, de manipulation des images et de remplacement du journalisme humain. Ce dernier a su captiver son auditoire en présentant les outils de l’IA qui intègrent désormais les techniques de rédaction et qui allient performance et gain de temps. « Je retiens que l’IA n’est pas un outil à craindre, nous devons nous adapter aux nouvelles technologies », exprime la journaliste Sandrine Ango. De même, Yannick Bezang, actuel secrétaire général du BEL, exprime sa satisfaction à l’issue de cette table ronde. « Ce débat riche m’a fait comprendre qu’il y a urgence d’une réflexion syndicale forte, lucide et proactive sur les mutations de notre métier ».
Hugues Bertrand Biboum, vice-président de l’association des acteurs de bande dessinée du Cameroun (ABC), quant à lui, a souligné l’impact de l’IA sur la créativité et la satire, formes essentielles de la liberté de ton dans les médias visuels. À l’heure où les technologies évoluent plus vite que les cadres juridiques, le Snjc rappelle l’importance de protéger la liberté de la presse tout en adaptant les pratiques journalistiques à l’ère numérique. Un appel fort, à quelques mois d’une échéance présidentielle cruciale. René Marquez, rédacteur en chef de Balafon TV, a quant à lui partagé son expérience de terrain, insistant sur la nécessité pour les journalistes de s’approprier les outils numériques sans compromettre l’éthique journalistique. En marge du débat, une exposition intitulée « Visages de la liberté de la presse » a mis en lumière les figures emblématiques du journalisme camerounais, passées et présentes, célébrant leur courage et leur engagement au service de l’information libre.
CT