Conseil régional du Littoral: Un budget en demi-teinte face à l’urgence de l’efficacité

Du 26 au 28 mai dernier à Douala, le Conseil régional du Littoral a validé un budget 2024 de près de 6 milliards FCFA, mais l’exécution reste incomplète, pointant des retards et un besoin urgent d’efficacité.
Les chiffres sont là, nets et précis. Mais derrière les bilans comptables, c’est un défi de gestion publique que le Conseil régional du Littoral a mis à nu du 26 au 28 mai dernier à Douala, lors de sa première session ordinaire de l’année 2025. Objectif de ce rendez-vous : passer au crible les comptes de l’année écoulée, dans un climat de retard technique et de pression budgétaire. Si les comptes ont été adoptés, les débats ont surtout révélé une volonté claire : « faire mieux avec ce qu’on a ».
Un budget de près de 6 milliards de FCFA en 2024, mais une exécution partielle : 74,97 % au global, avec une efficacité bien meilleure sur le fonctionnement s’établissant à près de 95 %, que sur l’investissement (à peine 60 %). Autrement dit, les salaires et le fonctionnement courant ont été bien assurés, mais les projets structurants, eux, peinent encore à se matérialiser. Pourquoi ? Principalement à cause de deux réalités évoquées par le président du Conseil, l’honorable Polycarpe Banlog : « les tensions de trésorerie généralisées au niveau national, et des difficultés à manipuler deux progiciels de gestion (SIM_ba et Probmis) qui ne ‘’parlent’’ pas toujours le même langage. Résultat : un retard dans la convocation de la session et des comptes difficiles à extraire et à analyser ».
Pourtant, la machine tourne. En 2024, le Conseil a engagé 2,37 milliards de FCFA, dont 1,47 milliard pour le fonctionnement et près de 900 millions pour les investissements. « Les recettes ont dépassé les dépenses, avec un excédent de plus de 430 millions de FCFA. De quoi alimenter les réserves du budget 2025 : 260 millions pour l’investissement, 174 millions pour le fonctionnement », apprend-on du rapport des travaux. Le document indique que du côté des biens matériels, les achats de l’année représentent plus de 2,2 milliards de FCFA, entre équipements et fournitures. « Un stock conséquent, dont une partie reste encore en entrepôt, en attente d’utilisation », précise le rapport.
Mais ces performances chiffrées n’ont pas empêché les critiques. Les élus ont pointé un paradoxe : l’argent est là, mais il est sous-utilisé. « Chaque année, des crédits sont reportés, voire perdus. En cause ? Des délais administratifs, des lenteurs dans les passations de marché, et une difficulté persistante à ‘’absorber’’ les fonds alloués ». Le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, représentant de l’État, n’a pas mâché ses mots : « L’orthodoxie budgétaire n’est pas une option. Les moyens mobilisés doivent se traduire par des réalisations visibles pour nos populations ». Et de rappeler que tout manquement grave à la gestion publique exposera ses auteurs à la rigueur de la loi.
C’est une conscience collective de l’urgence à gagner en efficacité qui ressort de cette session. Toutefois, le Conseil promet de transmettre les documents à temps, d’harmoniser les résultats des progiciels et de se faire accompagner par le Contrôleur financier pour éviter les écarts. Le Président du Conseil, Polycarpe Banlog, s’est engagé à corriger les insuffisances soulevées, rapidement. Car derrière les chiffres, il y a des attentes réelles : des routes, des équipements pour les écoles, des projets de développement local. Et c’est sur ce terrain-là, celui de la transformation concrète du budget, que le Conseil régional du Littoral sera attendu dans les mois à venir.
Hélène Tientcheu