Budget 2025 : Vers une année 2025 économiquement étouffante au Cameroun ?

C’est ce que pense Louis Marie Kakdeu, MPA, PhD & HDR. Le deuxième vice-président du Social Democratic Front (SDF), critique vivement le projet de loi des finances 2025 dans une tribune virale. Selon lui, ce budget, déposé avec près de 40 jours de retard, perpétue une gestion économique sans vision, caractérisée par des hausses fiscales, une inflation galopante et une dépendance économique persistante.

Le projet de loi des finances 2025 a été déposé à l’Assemblée nationale avec un retard de près de 40 jours. Une exception pour le Cameroun où les députés sont désormais réquisitionnés pour travailler sans relâche afin de se prononcer sur son contenu. Mais que peut-on vraiment attendre d’un tel projet ? En analysant les chiffres et les choix budgétaires, une évidence s’impose : les lendemains risquent d’être encore plus difficiles pour les citoyens. En effet, ce document majeur pour l’avenir économique du pays semble offrir bien peu de perspectives positives.

Le projet de loi ne permet pas de répondre à une question fondamentale : quelle est la véritable vision économique de l’État du Cameroun ? Le pays est-il toujours en phase avec la SND30, ce plan ambitieux de transformation économique, ou est-il simplement en train de poursuivre une dépendance accrue à l’extérieur ? Une analyse rapide montre que la dépendance extravertie de l’économie camerounaise n’a pas évolué. Bien que l’article 8 du projet de loi évoque un principe d’import-substitution, il est formulé de manière ambiguë, excluant de facto les produits concernés par des accords commerciaux internationaux. En d’autres termes, ce qui devait être une politique d’industrialisation est réduite à un simple vernis. Les produits locaux continuent de se battre face à une concurrence déloyale imposée par les accords commerciaux signés depuis 1995.

Le fardeau fiscal et l’illusion de prospérité

Entre inflation galopante, hausse des coûts de production et taxation excessive, les Camerounais devront se préparer à une année de plus sous le poids d’une politique économique incohérente.

Le budget 2025 consacre la continuation d’une fiscalité étouffante. Le gouvernement reste ancré dans la taxation du chiffre d’affaires à hauteur de 57 %, au lieu de taxer les bénéfices des entreprises comme le préconise le principe de proportionnalité. Une politique qui pèse sur les rares entreprises formelles, estimées à seulement 30 000 dans un pays où l’informel représente 80 % de l’économie. Cette politique fiscale a conduit à une évasion massive vers l’informel, et, au lieu d’adopter des réformes pour élargir l’assiette fiscale, l’État continue à poursuivre les mêmes erreurs.

L’incohérence du projet de loi 2025 est frappante : comment peut-on espérer lutter contre le chômage et favoriser la croissance en ne créant pas un environnement propice à l’investissement et en continuant à taxer lourdement ceux qui, malgré tout, osent rester dans le formalisme ? Ce budget n’adresse pas les réels défis du pays : la création d’emplois, la stabilité des prix, la croissance économique et la réduction de la pauvreté. C’est un budget qui semble conçu pour maintenir le statu quo, mais non pour résoudre les véritables problèmes économiques du Cameroun.

Le budget 2025, qui conserve en grande partie les orientations budgétaires de 2024, ne résout aucune crise majeure. Alors que l’inflation, en particulier sur les produits alimentaires, a atteint des taux alarmants en 2024 (+14 %), l’État n’a prévu aucune augmentation substantielle des salaires pour compenser cette hausse. Le budget devait franchir la barre des FCFA 8000 milliards pour espérer maintenir un niveau de vie décent pour les Camerounais. Cependant, la hausse marginale de 39 milliards de FCFA par rapport à 2024 apparaît comme insuffisante face à l’ampleur des défis. Le pouvoir d’achat des citoyens continuera de se dégrader.

Parallèlement, le projet de loi anticipe une augmentation des coûts de production, avec notamment la hausse des prix du carburant. Ce choix, dans un contexte de dépendance extérieure pour le carburant, est une dérive économique. Pourquoi le prix du carburant à la pompe reste-t-il élevé malgré des coûts d’importation faibles ? La chaîne d’intermédiaires, des importateurs aux sous-distributeurs, ne fait qu’alourdir la facture pour le consommateur. En décembre 2024, le gouvernement continue de maintenir une politique de subvention qui ne profite qu’à quelques acteurs économiques privilégiés, tout en étouffant le consommateur avec une taxation abusive. L’État prélève en moyenne 60 % de taxes sur le prix du carburant, un fardeau insoutenable dans un pays qui produit du pétrole.

Ce budget, qui continue d’augmenter les coûts de production et la pression fiscale, est un frein à toute dynamique de développement. La politique fiscale du Cameroun est profondément incohérente : d’un côté, on privilégie des politiques de monopole et de subventions inefficaces, de l’autre, on impose des taxes écrasantes aux producteurs locaux. Les entreprises se retrouvent prises au piège d’un système où le coût de production est trop élevé, et l’inflation continue de faire grimper les prix. Cela ne peut que conduire à une spirale négative : une économie plus chère, moins compétitive et davantage dépendante des importations.

Le plus grand paradoxe de ce projet de loi est qu’il ne semble pas comprendre l’ampleur du problème auquel le pays est confronté. Le Cameroun est à la croisée des chemins : face à des choix cruciaux en matière de politique économique, il continue de faire les mêmes erreurs. Le pays vit une crise structurelle, et le gouvernement semble refuser de voir les véritables enjeux. Le climat des affaires est loin de s’améliorer, et l’économie, toujours aussi dépendante de l’extérieur, ne semble pas prête à décoller.

La solution à ce marasme économique et politique se trouve dans un véritable engagement citoyen. Les Camerounais doivent se réveiller et exiger un changement radical dans la gestion des finances publiques. Ce n’est qu’en agissant collectivement, en exigeant des réformes structurelles, que l’on pourra enfin rompre avec cette logique d’endettement et de dépendance qui plombe le pays. Les Kakdeu qui ont migré de la société civile à la politique en ont fait le choix, et ce choix doit être celui de toute une nation. C’est à nous, citoyens, de faire entendre notre voix et de mettre fin à cette impasse économique.

#NousVivonsEnsembleEtNousAllonsMourirEnsemble

Louis Marie Kakdeu, MPA, PhD & HDR

Deuxième Vice-Président National SDF

 

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