Ngaoundéré: 3 144 munitions saisies à Tchabal

Selon les révélations contenues dans un communiqué signé le 29 octobre par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, la cargaison a été découverte dans un bus de transport en provenance de Maroua et à destination de Yaoundé.
Le 28 octobre 2024, à 03 heures 20, les services de douanes ont réalisé une saisie spectaculaire de 3 144 munitions de guerre au poste de contrôle de Tchabal à l’entrée de la ville de Ngaoundéré, région de l’Adamaoua dans un bus en provenance de Maroua. Cette opération, menée par les éléments de la Mission HALCOMI III, a révélé un arsenal militaire comprenant 3 000 cartouches pour fusils M21, 119 pour AK47 et 25 pour armes de poing. Selon un communiqué signé le 29 octobre par le ministre des Finances, ces « munitions de guerre » étaient à destination de Yaoundé.
Une telle quantité de munitions, en pleine période de crises sécuritaires ne peut qu’interroger sur les intentions de ceux qui les ont commandées. Mieux encore, s’il est établi que la cargaison avait pour destination Yaoundé, à qui ces munitions étaient-elles destinées ? En plus, à en croire le journal « l’Œil du Sahel » dans sa parution du 1er novembre, le fait que le suspect identifié soit un caporal-chef de l’armée nationale, ajoute une dimension plus troublante à cette affaire. En effet, comment ce militaire ayant pour prénom, Charles, affecté au Bataillon de Commandement et de Soutien de la Région militaire Interarmées N°4 (BCS4), puis mis pour emploi à la 4e Région militaire et détaché au Centre médical militaire/Centre d’entrainement et d’aguerrissement en zone sahélienne (CMM/Ceas), a-t-il pu se procurer et transporter une telle quantité de munitions sans éveiller les soupçons ? Les premières révélations indiquent qu’il aurait utilisé des passages discrets pour accéder aux stocks d’armement. Cela soulève alors des questions sur la sécurité interne au sein des forces armées et sur la possibilité d’une complicité au sein même de l’institution militaire.
En attendant d’y voir plus clair, le commandant de la 4e Région militaire interarmées, « le général de division Saly Mohamadou, a instruit à toutes les unités de son commandement, une comptabilité de la gestion de leurs soutes à munitions sur les quantités existantes et éventuellement les déficits », rapporte L’œil du Sahel.
Opération militaire
Pour certains, ces munitions de guerre devaient peut-être servir dans une le cadre d’une manœuvre militaire dont on ignore tout. La réaction rapide du général de division Saly Mohamadou, qui a ordonné un audit des soutes à munitions, témoigne d’une prise de conscience des enjeux en jeu. Il est alors impératif que les autorités clarifient la situation et informent le public sur les mesures prises pour garantir la sécurité nationale. La transparence dans cette affaire est essentielle pour restaurer la confiance des citoyens envers leurs institutions. En attendant, d’autres questions demeurent : combien d’autres cargaisons similaires ont pu passer inaperçues ? La vigilance est de mise dans un contexte où la sécurité est constamment menacée.
Cette saisie survient dans un contexte marqué par des crises sécuritaires. Avec la secte terroriste Boko Haram dans l’Extrême-Nord, particulièrement sur la ligne frontalière avec le Nigéria, la guerre séparatiste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et des incursions de rebelles centrafricains sur la frontière est. Avec par moments des explosions et des braquages et agressions de bandes armées dans les grandes villes que sont Douala et Yaoundé.
Julien Efila