Gestion des ordures: 15 investisseurs pour lancer la Bourse des déchets

Le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du développement durable a officialisé la création de cette entreprise à capitaux publics et privés, spécialisée dans la commercialisation des déchets recyclables, au terme de l’assemblée générale constitutive du 05 juin 2025 à Yaoundé, réunissant l’Etat, deux collectivités territoriales décentralisées et des entreprises privées.
La Bourse nationale des déchets est finalement sortie des fonts baptismaux le 05 juin 2025 à Yaoundé, au terme des travaux de l’assemblée générale constitutive qui a réuni les 12 premiers actionnaires autour de l’Etat, actionnaire majoritaire via le ministère de l’Environnement et les deux collectivités territoriales décentralisées d’Ebolowa et Kumba, et qui détient la majorité du capital avec 40 actions représentant 160 millions Fcfa. Le reste du capital est détenu par 12 investisseurs privés opérant dans les filières de collecte, tri, recyclage ou la valorisation des déchets, qui ont souscrit pour un montant de 130 millions Fcfa correspondant à plus de 32 actions, pour un capital qui s’élève à 300 millions Fcfa.
Ce chiffre reste provisoire, les souscriptions sont appelées à se poursuivre au fur et à mesure que la structuration de l’entreprise prendra corps, compte tenu du coût de l’action de la bourse valorisée à quatre millions Fcfa.
La création d’une bourse nationale des déchets est une initiative unique en son genre, une innovation dans la sous-région d’Afrique centrale. Elle s’inscrit dans un effort de structuration du marché de la gestion des déchets, dans un environnement marqué par une excroissance de la production des déchets avec des taux d’enlèvement encore en deçà des attentes. L’avènement de la bourse nationale des déchets consacre la transformation d’une recommandation formulée en 2016 en un outil de marché à vocation économique.
Architecture institutionnelle
La Bourse nationale des déchets, rappellent les promoteurs, est conçue comme une société d’économie mixte. Le modèle économique retenu permet aux investisseurs de jouer un double rôle. Ils sont actionnaires de l’entreprise et, potentiellement, clients ou fournisseurs sur la plateforme d’échanges. La bourse nationale des déchets fonctionnera, à terme, comme une place de marché virtuelle, connectant l’offre et la demande de déchets à potentiel économique, avec une ambition déclarée de structurer les flux d’échanges, d’en établir les prix indicatifs et de faciliter l’accès aux intrants pour les industriels du recyclage.
La Bourse nationale des déchets qui en est à ses premiers jalons de sa phase expérimentale, sera officiellement opérationnelle à partir du mois de juillet 2025, indique-t-on ici côté officiels. Et pour cause, l’architecture institutionnelle en cours de finalisation prévoit la nomination d’un directeur général, d’un directeur général adjoint, ainsi que l’installation d’un conseil d’administration. Etant entendu que les équipements techniques nécessaires à son fonctionnement sont déjà disponibles, selon les assurances du ministre de l’Environnement Pierre Hélé.
La création d’une bourse nationale des déchets, faut-il le rappeler, s’inscrit dans un contexte marqué par des tensions dans le secteur de la gestion des déchets au Cameroun. Un véritable casse-tête chinois pour les autorités qui font feu de toute initiative pour résoudre le problème de ramassage des ordures. Alors que parallèlement la production urbaine des ordures dépasse désormais les 6 millions de tonnes annuelles aujourd’hui, contre 3,4 millions de tonnes en 2017. Dans le même temps, les capacités d’enlèvement restent limitées, avec des taux oscillants entre 45% à Yaoundé et 65% à Douala.
Evariste Menounga